Gustave Najean, le père de Henry Najean, ne figure dans aucun ouvrage de référence, dans aucune anthologie...
Il a peu écrit, il est vrai, ou alors on a peu conservé ses ouvrages : un monologue en vers à rime unique (isse / ice / is...) et une chanson qui seront repris dans son livre Au pays des images, pastels vosgiens, publié à Épinal en 1912.
Et il a été peu commenté... Seule trace connue, un article de René d'Avril paru dans le Pays lorrain daté du 20 septembre 1912 (page 570), faisant état de la parution de Au pays des images :
Il n'est pas rare de rencontrer dans ces heureuses et charmantes villes qui, comme Épinal, ont conservé plus d'une tradition pittoresque, des rimeurs adroits, voire élégants, ayant sans doute traduit Horace, et s'en souvenant, cultivant Boileau, La Fontaine, Voltaire, Ecouchard-Lebrun non point en leurs oeuvres considérables, mais dans leurs épigrammes, leurs petites pièces malicieuses et de verve gauloise.
Ainsi nous apparaît M. Najean, attentif à trouver, aussi bien dans ses souvenirs d'enfance que dans les commérages du jour, l'anecdote piquante ou le récit à saillies pittoresques. En tout apologue intervient presque toujours la moralité. Celle de M. Najean est tour à tour souriante, ironique ou pleine de ce délicieux savoir désabusé dont Pinau, populaire à Épinal, lui paraît être le symbole ; car :
Pinau, l'ami des Pinaudrés,
A toujours au pied son épine.
Gardons-nous de la lui enlever, si les siècles ne l'ont fait !
Bannir d'ici-bas le chagrin
Est pour chacun le grand problème.
Cher Pinau ! Tu n'es qu'un emblème
Qu'on a fait revivre en airain.
Puisque rien ne va de plano,
Prenons du bon côté la vie.
Armons-nous de philosophie,
Gardons notre épine, ô Pinau !
En somme, livre aimable, que l'on savoure en songeant à la vieille cité bourgeoise dont il met "en images" et en action gens et choses, et qu'embellit encore une couverture artistement silhouettée par André Philippe.