Jacques DIETERLEN *




Biographie

1893 : Naissance à Cannes le 28 novembre. Ses parents, industriels de la vallée de la Bruche, y avaient émigré en 1871.

Né par erreur dans le Midi de parents Alsaciens, écrit-il dans sa présentation du Chemineau de la montagne (1938)...


1914 - 1918 : Appelé, il fait la guerre en 1ère ligne et participe aux combats meurtriers des Hautes-Vosges et du Bois-le-Prêtre. Il gagne la médaille militaire, la Croix de guerre, la Légion d'honneur. Il ne renonce pas cependant à servir et, basé à Gérardmer, il s'occupe du ravitaillement des troupes en position sur la crête des Vosges, et des secours aux blessés.

Mort au champ d'honneur, par erreur également, le 10 avril 1915, au cours d'un corps à corps où il perd son bras droit. Ne s'est, du reste, jamais aperçu de cette lacune.

Fin de la grande guerre dans les Vosges. Vie enchantée racontée dans Hohneck. Il découvre le ski.


1919 : Il débute sa licence en droit à Strasbourg et devient journaliste.

1920 : Il voue à la neige et au ski une passion qu'il entend faire partager par des articles dans la Revue du Ski qu'il fonde en 1920 et dirige jusqu'en 1939. Il est l'un des premiers à faire rentrer le ski dans la littérature romanesque. Les champs de neige des Vosges lui inspirent Le Skieur à la lune (1934) alors que, sur un ton plus léger, Cyprienne ou la skieuse au soleil a pour cadre les Alpes maritimes.

Nombreux travaux littéraires et journalistiques. Dix volumes consacrés à la montagne sans aucune attention de la part des critiques littéraires, ni aucun succès auprès des sportifs ou officiels alpins.


1936 : Les Éditions Flammarion lui confient la direction de la collection La Vie en montagne : il édite le premier ouvrage de Roger Frison-Roche (L'Appel du Hoggar, 1936).

1938 : Il publie le livre auquel certains ont voué un véritable culte, Le Chemineau de la montagne. Ce n'est pas un roman, mais la biographie d'un personnage romanesque et mystique, Léon Zwingelstein, alpiniste, skieur auteur de hautes routes, dont un Nice-Tyrol en 1933. (Voir l'article de René Siestrunck).

1939 : Il quitte Strasbourg pour vivre à Gérardmer. Volontaire pour la ligne Maginot, il retrouve Gérardmer après juin 1940 : il devient un passeur actif qui aide les prisonniers évadés à retrouver la France de l'intérieur.

1946 : A Gérardmer, écrit Albert Ronsin, il vit depuis la fin de la guerre avec son épouse dans le chalet de bois La Mauselaine qu'il s'est construire dans une rue calme au coeur de la ville [rue Reiterhardt].

Désormais, le dessin devient sa grande passion, à l'égal de celle qu'il nourrit pour la chaîne des Vosges. Il en résulte des dizaines de tableaux attachants, exécutés au crayon de couleur, à la craie, avec des rehauts de pastel, tous consacrés à la vallée de Gérardmer et au massif du Hohneck.


Vit actuellement dans le massif du Hohneck où on le rencontre fumant sa pipe et peignant les beaux paysages des Hautes-Vosges, sans aucun succès non plus. Ses livres de chevet : César Capéran et les Mémoires d'un rat. Ses animaux préférés : les chats et les papillons. Cultive dans son jardin alpin de Gérardmer, des edelweiss et des gentianes, avec l'amitié de quelques artistes et vagabonds authentiques.


1949 : Il participe au 1er Salon des Amis des Arts, à Épinal, où il expose dix de ses oeuvres picturales.

1952 : Nouvelle exposition de ses oeuvres à Strasbourg. En 1960, Raymond Matzen écrira : Il désirait avant tout être fidèle et net, dans le genre classique. C'est pour cela qu'il recherchait longuement, avec une conscience minutieuse, la pureté des lignes, l'harmonie des couleurs et le balancement des masses... On dit que ses livres sont de la peinture et que ses dessins sont de la littérature, tant ses écrits sont colorés, tant ses peintures respirent la poésie... (A la mémoire de Jacques Dieterlen, chantre et peintre des Hautes-Vosges, in L'Alsace, 28 janvier 1960).

1959 : Au printemps, il participe au Salon indépendant, à Épinal, en exposant plusieurs de ses dessins.

Il s'éteint le 24 novembre, à Gérardmer.





Page réalisée avec la complicité de René Siestrunck, et la notice d'Albert Ronsin publiée dans Les Vosgiens célèbres (Vagney : Gérard Louis, 1990), p. 111-112.