La Mémoire aux alouettes

  • Gilles Laporte
  • 1987 | 3ème roman publié

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Date et lieu

Vers 1987, en Provence.

Sujet

Retiré dans un château du Lubéron, après plus de cinquante années de succès, tant au théâtre que sur le grand écran, Charles Vincent ne peut effacer de sa mémoire le souvenir de Mary, morte accidentellement en 1935, au volant d'un coupé Vivasport. Le temps et la gloire n'ont pu remplacer cette femme qu'il aime toujours avec la même ferveur, l'image de son visage ancrée aux confins de sa conscience lui servant toujours de guide.

Avant de disparaître, Charles n'a plus qu'une obsession, retrouver Mary à travers une autre femme, redonner corps et âme à ses souvenirs, revivre la passion vécue autrefois. Il profite du Festival de Cannes tout proche, pour organiser un simulacre de recherche de comédienne, avec la complicité de Jean, son homme de confiance. "La mise en scène" fonctionne parfaitement. Plusieurs jeunes femmes se présentent, dont Kathleen… (4ème de couverture, 1987).

La petite histoire... Écrit à : "Igney - Ansouis, octobre 1985 - avril 1987". Charles Vanel et Jane Birkin, ainsi que Jean Carmet, ont inspiré les principaux personnages de ce roman, qui aurait pu devenir un film...

 

Édition

  • 1ère édition, 1987
  • Vagney : Éditions Gérard Louis, III/1987 [impr. : 09/1987].
  • 21 cm, 286 p.
  • Illustrations : photographie de S.A.R. Mgr le duc d'Orléans (couverture).
  • ISBN : 2-907016-00-8.
  • Édition prestige (99 exemplaires numérotés, reliure demi-cuir grain chagrin) avec en frontispice une gravure originale de Maître André Jacquemin, membre de l'Institut.
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    Première page

    Les facettes du miroir multiplient le soleil, là-bas, à trente pas, au plein découvert d'un champ de luzerne. Les pinsons, par dizaines, sont venus déjà du plus profond des vignes perdues dans les premiers contreforts du Lubéron. Ils sont venus d'un seul coup d'aile, en droite ligne, avec la précision froide d'une lame d'acier. Ils ont décrit de grands cercles autour du leurre, larges boucles aux hésitations curieuses de feuilles mortes, puis ont basculé en piaillant vers les touffes luisantes des chênes verts. Ils disparaissent et se fondent à chaque vol dans la masse sombre de Saint Médard qui, en appui contre l'horizon, veille sur la Tour d'Aigues.

    Le froid de la nuit a jauni la prairie et de place en place, contre les haies et sous les pins se devinent de longues blancheurs abandonnées par le gel.

    - Ils viennent d'Entraigues, dit Charles, en passant par les Clots.

    - Les alouettes devraient suivre, répond l'homme enfoui dans les hautes herbes.

    Ils sont assis, épaule contre épaule, adossés contre la butte rocheuse du Tronc.

    A leurs pieds, les points lâches d'une couture fantaisiste, celle du ruisseau de Saint-Jean.

    - Oui, elles devraient suivre…

    Charles a parlé en posant son fusil dans l'herbe. Il se dresse et tire sur ses longues jambes afin de les réveiller. Il est grand et porte ses quatre-vingt-deux ans avec une noblesse rare. Son ombre épaisse découpe des lambeaux de lumière sur les genêts.

    La campagne est noyée dans un halo doré. Au loin, l'éclat douloureux des serres de Saint Maurin agresse l'œil. Et le tissu serré des vignes déroule son velouté peigné de frais.

    - Attention, il va mourir !

    De l'index, Charles désigne le miroir dont la rotation s'est ralentie. Un, deux, trois tours fatigués…

    - Vous voilà debout ! Pas la peine que je tire sur la corde ! Ils vous voient, les oiseaux… Ils ne sont pas aveugles !

    Jean a répondu sur un ton agacé. Il n'aime pas voir son patron comme il le voit aujourd'hui, préoccupé, nerveux agité de l'intérieur.

     

    Dédicace - Épigraphe

    Dédicace : A mes amis / Madame et Monsieur Paul Bazin / gardiens vigilants de la flamme secrète / qui fait de Mirabeau l'un des hauts lieux d'inspiration.

    Épigraphe : L'homme vit d'empreintes… (Richard Rognet).

     
     

    Page créée le vendredi 9 janvier 2004,
    mise à jour le dimanche 21 mars 2010.