Frédéric

  • Gilles Laporte
  • 2000 | 6ème roman publié

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Date et lieu

De 1705 à 1848, des Vosges à Paris, en passant par Londres, Varsovie, Nohant et autres lieux.

Sujet

"Fais acheter un bouquet de violettes pour que le salon soit parfumé. Que je trouve au moins un peu de poésie chez moi..." De Londres, Frédéric Chopin écrit à son ami Grzymala. La tuberculose l'a vaincu. Il le sait. Rentrer à Paris... respirer encore une fois le parfum des violettes... Commencée cent cinquante ans plus tôt, en Lorraine, avec l'ancêtre François Chapin, trafiquant de tabacs, l'épopée s'achève sous les ors des palais, dans la solitude et le souvenir des femmes...

Justyna, Emilia, Ludwika, Moriolka, Konstancja, Maria, Marie d'Agoult, la comtesse Potocka, des princesses, des reines, des artistes... la Catalani, Henriette Sontag, des amantes... Teresa, George Sand... Un bouquet de violettes sur la cheminée, pour rappeler les courses folles dans la campagne de Mazowie, les morceaux à quatre mains sur le piano familial, les cafés de Varsovie, les concerts aux Tuileries et... les jupons des femmes de Szafarnia. Un bouquet de violettes... George Sand... Frédéric ! (4ème de couverture).

 

Édition

  • 1ère édition, 2000
  • Paris : Éditions Eska, août 2000.
  • 24 cm, 403 p.
  • Illustration : Pierre Didier (couverture).
  • ISBN : 2-86911-985-2.
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  • 2ème édition, 2006
  • Sous-titre : le roman de Chopin
  • Paris : Éditions Eska, janvier 2006.
  • 24 cm, 403 p.
  • Illustration : Danse polonaise, Bibliothèque Opéra de Paris (couverture).
  • ISBN : 2-7472-0904-0.
  • Prix :
  • 4ème de couv. : L’aventure commence dans les années 1670-1700.
    Parce que la guerre et la misère ravagent son pays de Dauphiné, un homme décide de partir vers des terres plus hospitalières. On le nomme Chapein, Chappen, Chappenne… plus facilement François !
    Arrivé en Lorraine que reconstruit le duc Léopold après les désastres de la guerre de Trente Ans, il épouse la Catherine et se lance dans… le trafic du tabac. Tombé dans une embuscade des agents ducaux, il échappera de peu à la flagellation publique sur la place des Deux Villes à Nancy.
    Un siècle à peine plus tard, à Marainville-sur-Madon, Marguerite, la femme du charron Chopin, donne le jour à Nicolas qui, devenu adolescent, décidera de quitter une Lorraine devenue française pour… la Pologne ! Il y sera comptable à… la Manufacture des Tabacs et grand résistant face aux Russes, puis précepteur et professeur de français.
    Son fils Frédéric aime passionnément le piano et… les Femmes !
    Justyna sa mère, Emilia et Ludwika ses soeurs, puis Moriolka, Konstancja, Maria, Marie d’Agoult, la comtesse Potocka, des princesses, des reines, des artistes… la Catalani, Henriette Sonntag, des amantes… Teresa, George Sand… aimeront, soigneront, accompagneront Frédéric. Elles seront ses inspiratrices jusqu’à son dernier souffle volé par la tuberculose, un terrible jour d’octobre 1849, place Vendôme, à Paris.
    George Sand…
    Même avec elle, d’amours passionnés en brouilles, de concerts en voyages, de Nohant à Majorque, Frédéric n’oubliera jamais sa Pologne, le rythme de la mazurka, les voix et les jupons aériens des… danseuses de Szafarnia !
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    Première page

    Vingtième de janvier 1705.

    Dans l'église givrée de Romont. Un certain François Chapin, que les autres nomment Chapein, Chappenne, Chappenc ou Chopin, épouse la Catherine, une demoiselle bien en chair et en tête, fille du père Oudot, paysan à Xirocourt. Après bien des errances, il a posé ses malles dans cette enclave française au cœur du Duché de Lorraine, plaque tournante du trafic des tabacs. Il y vit discrètement, de l'air doux du pays, de mirabelle coulée sur la langue, du sourire de sa femme et de… la contrebande.

    Originaire du midi, du Dauphiné dit-on, le François est arrivé en Lorraine sur les talons d'un père fatigué par la route et la misère. Leur pays de naissance (Saint-Crespin - diocèse d'Embrun) était trop pauvre et trop ingrat : des cailloux, pas de terre… des loups, pas de brebis… des impôts, pas de sous. La vie, dès ses premières heures, y puait la mort. Incapable de payer la taille, le père Antoine décida un beau matin de partir vers le nord, la musette vide, la tête pleine, le gamin à ses basques. Sans regrets. Jamais !

    L'union du François et de la Catherine promet d'être heureuse. Ils s'aiment. Ils s'activent. Elle, au service des Longin-du Moulin qui tiennent table ouverte dans le château. Lui, chez les peigneurs de chanvre et tisserands des environs. Il leur donne la main. Mais, surtout, avec quelques compères recrutés sur place, il monte des expéditions de passage du tabac.

    Ils sont quatre pour l'affaire : le Louis Mandrin, autre Dauphinois venu de l'ombre, prêt à tout, le François Dautrey dit "Le Mothois", sans dents, et le Paul du Moulin, de la famille même des châtelains. Ensemble, ils recrutent des convoyeurs, louent de solides chevaux pour l'escorte, des mulets de bât pour la marchandise et, armés de pistolets, carabines et couteaux, se lancent à travers les forêts du pays, de Strasbourg où ils achètent la marchandise à Bar-le-Duc où ils livrent des commanditaires plus muets que des confesseurs royaux, les bourgeois Pierre Dunot et Sébastien Husson. Moins ils rencontrent d'indésirables, surtout les Lorrains du Duc, moins ils utilisent leur arsenal, mieux ils se portent. Mais, lorsque l'affrontement devient inévitable, ils savent faire front et le coup de feu ! Jamais sans dommages.

    A chaque départ de son grand gaillard de François, la Catherine tremble…

    Troisième de décembre 1705.

    L'expédition tourne mal. Les trois chariots conduits par six convoyeurs arrivent à Saint-Nicolas-de-Port. Trois lieues à peine de Nancy. Repérés par les agents du duc Léopold, dénoncés peut-être, ils sont suivis par la troupe, puis cernés. La nuit est noire. Il neige. Des cris… la poudre… la cavalcade dans les fourrés… Pris ! ils entrevoient la galère. N'ont plus rien à perdre. Foncent. Tirent. Droit devant, derrière, dessus, dessous, à main droite, à main gauche, au jugé, plongent, rampent, lancent les chevaux, détalent en abandonnant les chariots, les mulets et les ballots de tabac non marqués. Leur connaissance du terrain les a sauvés. Mais l'alerte a été chaude ! Une de plus !

    Ils ont tout perdu dans cette expédition. Pour un peu, ils auraient fini au poteau du carrefour des deux villes à Nancy, la Vieille et la Nouvelle, pour y être flagellés en public puis chassés de Lorraine pour cinq ans ! Au moins ! Quant à l'amende (mille francs), aucun n'avait le premier sou pour la payer…

    Mal en point, le François Chapin rentre auprès de la Catherine. Elle respire. Ensemble, ils décident de prendre le large, d'aller vivre chez elle à Xirocourt, au pied de Sion, la colline sacrée de Lorraine. Prés de sa famille. Il y sera moins tenté par l'aventure. Ils y seront mieux. Ils partent.

    Entre deux petites sorties de contrebande - il ne pourra jamais s'en passer-, le François peignera et tissera le chanvre. La Catherine, elle, élèvera son fils Claude qui vient de naître. Et les suivants : François, né en 1706, le jour de l'Octave de l'Immaculée Conception, Dominique, à la Sainte-Marguerite 1710 et Nicolas qui pousse son premier cri le jour de la Saint-Cyprien 1712. Ce dernier portera le prénom de son parrain Nicolas Gabriel, le chanvrier.

    Ils sont pauvres, les Chapin, comme tous les Lorrains que la terrible guerre de Trente Ans a massacrés. Pauvres mais heureux. Jusqu'au jour où le François se sent atteint d'une étrange langueur. Les bras lui sont devenus gourds, la tête lourde ; les jambes ne le portent plus ; il respire mal, très mal…

    Le vingt-huitiéme de juin 1714, au petit matin, son âme repart vers Dieu avec les premières vapeurs de l'été.

    Il n'avait que 38 ans et venait seulement d'apprendre à signer "Chopin".

     

    Dédicace

    A Frédérique...

     

    Revue de presse

    La Liberté de l'Est

    8 octobre 2000. P. M.

    Sur les traces de Frédéric...

    Gilles Laporte dédicaçait hier après-midi son dernier livre à la librairie Homeyer. Une oeuvre qui a amené son auteur à effectuer un double travail d'écrivain et d'historien, sur les traces de Frédéric Chopin et de sa famille, d'origine lorraine. "J'ai voulu raconter toute l'aventure familiale des Chopin, dont on ignore trop souvent qu'elle est profondément enracinée en Lorraine", expliquait l'auteur.

    Un auteur qui a suivi la trace de Frédéric Chopin de Pologne en Angleterre : "J'ai découvert un Frédéric Chopin complètement différent de ce qu'on le présente habituellement, désincarné, romantique... Il était en fait un boute-en-train qui a passé sa jeunesse dans les cabarets de Varsovie à courir le jupon ! J'ai ainsi redonné au compositeur cet aspect humain, qui ne fait que renforcer la valeur de son génie".

    Et Gilles Laporte a, c'est un fil directeur de son oeuvre, débuté ce roman historique en décrivant l'homme par les femmes qu'il a connues et aimées : "Je me suis beaucoup intéressé aux femmes qu'il a aimées... Et en particulier à George Sans. J'ai découvert une femme beaucoup plus complexe que le stéréotype militant qu'on lui attribue".

    Frédéric, un livre à découvrir, un artiste à redécouvrir.

     

     

     

    Page créée le vendredi 9 janvier 2004,
    mise à jour le dimanche 21 mars 2010.