La Fontaine de Gérémoy

  • Gilles Laporte
  • 2011 | 13ème roman publié


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Date et lieu

A Vittel (Vosges), de 1857 à 1944.

Sujet

En butte à la tyrannie paternelle, la Malie choisit d'être une femme libre et de faire fi des conventions. Fière et solitaire, elle vit avec passion son travail au sein de la célèbre station thermale de Vittel tout juste créée par Louis Bouloumié. Jusqu'à sa liaison avec le docteur Darriaud, irrésistible, cultivé mais marié, qui lui imposera un chantage terrible à l'annonce de sa grossesse. La Malie devra alors trouver énergie et courage pour façonner son propre destin.
Et pour qu'un jour, la petite Julie reprenne le flambeau...

Dans le décor majestueux de Vittel, un siècle durant, du Second Empire à la Libération, s'accomplit le destin croisé de deux héroïnes exceptionnelles, la Malie et Julie, des vies de passion, de combats et de liberté. Un superbe hommage aux femmes. (4ème de couverture, 2011).

 

Édition

La Fontaine de Gérémoy

  • 1ère édition, 2011
  • Paris : Presses de la Cité, janvier 2011.
  • Collection "Romans Terres de France", dir. Denis Bourgeois.
  • 23 cm, 437 p.
  • Couverture ill. : Coll. Perrin / Kharbine-Tapabor.
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    Première page

    Août 1857.

    - Dis-moi, mon Polyte, tu crois qu'on y arrivera ?

    Le garçon tourna la tête. Au loin, la butte des Seize-Mutins tremblait sous le soleil ; une buse dessinait de grands cercles dans un ciel laiteux. Le garçon la suivit des yeux, longtemps, en silence. Autour d'eux, la campagne semblait assoupie.

    Depuis qu'ils s'étaient rencontrés, ils ne vivaient plus que pour ces moments volés au travail de la terre, aux animaux, au père et au curé. Jusque-là, il allait aux vaches, arrachait les pommes de terre ou, l'hiver, faisait son bois en compagnie des chevreuils au cul blanc, elle brodait au tambour des coeurs de Marie ou des agneaux pascals au point de plumetis, chantait les offices à Saint-Rémy avec sa mère, sans se poser de questions. Mais un soir de fête ils s'étaient aperçus, avaient croisé leurs regards dans la lueur des flammes de la Saint-Jean. De cet instant, ils avaient eu la déchirante impression de vivre étouffés, étranglés dans une prison dont ils ne pourraient jamais s'évader.

    - Tu crois...

    Très loin, du côté du village, un chien énervé s'était mis à gueuler.

    - Regarde... regarde là-bas !

    Le Polyte pointait le doigt vers les prairies des Essarts.

    - Dis-moi, mon Polyte, tu crois...

    La Malie parlait à voix basse, pour ne pas déranger le bon ordre des choses autour d'eux, peut-être aussi parce qu'elle craignait autant la réponse du garçon que son silence. Au fond, avait-elle vraiment envie qu'il se confie ?

     

    Dédicace - Épigraphe

    Dédicace : A Elise Fischer et Jeanne Cressanges, avec toute mon affection.

    Épigraphes : Il s'agit de prendre conscience de la valeur artistique propre à toute littérature de masse, et de démontrer que l'art peut sortir de sa tour d'ivoire. Car le sens de la beauté est inséparable d'un certain sens de l'humanité. (Albert Camus, extrait d'un tract du Théâtre de l'Europe, cité par Guillaume Gallienne, France Inter, Ca peut pas faire de mal, 25 septembre 2010).

    Les histoires tournent dans les cieux de rouille et secouent au passage la neige des frondaisons. Il faut aller les cueillir dans leurs terriers, à la braconne et sans permis, il n'y a pas une façon de faire plutôt qu'une autre, il y a la manière qui vous convient le mieux pour les attraper.
    Aux trames des histoires en cohortes des hommes se tissent les contrées (Pierre Pelot, La Montagne des boeufs sauvages, Hoëbeke, 2010).

     

    Revue de presse

    Vosges Matin

    27 janvier 2011 - Bernard Visse

    La Fontaine de Gérémoy

    Dans Vittel naissante et renaissante, dans Paris bouillonnante, la saga de deux héroïnes au sang vif.

    Gilles Laporte est un conteur né. Il faut l’entendre, lors de ses conférences et autres lectures publiques, donner leur rondeur aux mots, ou leur tranchant ; sa hauteur au ton, ou son chuintement. Il conte à voix haute comme il écrit dans l’huis-clos de son bureau chargé de livres : avec la facilité que l’on semble accorder à la verve, avec la passion qui sied aux auteurs captivants. Et il se lit avec tout autant d’émotion qu’on l’écoute.

    Depuis longtemps, Gilles Laporte a fait de l’Histoire, en particulier vosgienne, le champ essentiel de son travail. Bien plus qu’un cadre doré ou cabossé où il plaquerait son intrigue, l’Histoire, la grande et la petite, constitue l’un des personnages principaux de ses romans. Il a avec elle la relation « vertueuse » de celui qui connaît, comprend et juge. Ici encore, l’auteur s’attache au destin d’une femme, Marie-Amélie, et à celui de sa fille, Julie, qu’il suit tout au long de leurs vies aventureuses. Il aime ces femmes indépendantes et fortes, fortes jusque dans leurs faiblesses. Il les accompagne dans Vittel et partout ailleurs, depuis cet arpent de « terre à renards » que Louis Bouloumié acquit pour implanter son Hôtel de l’Etablissement en 1857 jusqu’à ce jour tragique de 1944…

    Le conteur ne dédaigne pas jouer avec sa connaissance approfondie des temps et des mœurs, une documentation sérieuse doublée d’une reconnaissance pointue du terrain, et l’analyse exigeante d’un sage à l’écoute d’un cœur dont il sait mieux que quiconque d’où il vient. Cette Fontaine de Gérémoy, venant après Le Loup de Métendal chez le même éditeur, confirme qu’il faut compter désormais avec cette voix et ce style-là. Mais nous le savions déjà, en Lorraine.

     


     

    Page créée le mardi 8 février 2011.