Le Loup de Métendal

  • Gilles Laporte
  • 1983 | 12ème roman publié


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Date et lieu

A Rambervillers (Vosges), de 1841 à 1918.

Sujet

« La dernière pièce du moule retirée, elle avait pu contempler enfin ce loup de Métendal destiné à Théo, à lui seul ! Grand, majestueux, souverain, comme son grand frère du champ de courses ! »
Née en 1841, Clémence a grandi dans l'univers de la faïence où travaillait son père, chef d'atelier à Rambervillers, en Lorraine. Passionnée, elle perpétue la tradition, et survit avec le fruit de ses ventes de terres cuites dans une ville meurtrie par les assauts des cavaliers prussiens. Jeune veuve, elle prend en charge seule son fils Théo et son frère Nicolas, revenu traumatisé de la terrible bataille de Sébastopol. En 1871, refusant l'annexion prussienne, des Alsaciens se réfugient dans le Sud de la Lorraine resté terre française. Parmi eux, Palmyre Lazare. Il tombe bientôt sous le charme de Clémence. La vie de celle-ci connaîtra-t-elle enfin un cours plus tranquille ?

Le bel hommage, à la fois érudit et romanesque, d'un écrivain à sa terre natale à travers le portrait d'une femme qui se bat pour sauvegarder sa faïencerie et son amour.(4ème de couverture, 1983).

 

Édition

Le Loup de Métendal

  • 1ère édition, 2010
  • Paris : Presses de la Cité, mars 2010.
  • Collection "Romans Terres de France", dir. Jeannine Balland.
  • 23 cm, 390 p.
  • Couverture ill. : Les Amoureux, détail, 1888, Emile Friant (Musée des Beaux-Arts de Nancy).
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    Première page

    23 décembre 1841

    On n'en finissait pas d'attendre la fin des révolutions. Dans les Vosges comme ailleurs. Chez les Goutfeux comme dans les autres familles.

    - On finira bien par vivre normalement, un de ces jours !

    Quirin secoua son paletot constellé de cristaux de glace, le suspendit à la patère, poussa ses brodequins du bout du pied derrière la porte d'entrée. Ses chaussettes fumaient.

    - On finira bien...

    Il jeta sur une chaise sa casquette molle que la chatte avait déjà repérée. A chaque retour de la manufacture, c'était le même rituel avec le paletot, les chaussures, la casquette et la chatte. Sa moustache était givrée. Il en lécha quelques gouttelettes du bout de la langue.

    - Il ne s'rait pas trop tôt, hein... Qu'est-ce que t'en penses ?

    Il avait neigé toute la journée. Les vitres de son atelier, à la faïencerie, s'étaient lentement couvertes d'arabesques. La tiédeur du matin avait brusquement viré au froid sibérien en quelques heures, avec une bise soufflante et sifflante qui aspirait à grandes goulées le feu des fours, tantôt refoulait des fumées âcres à faire tousser des bataillons de tâcherons.

    - Qu'est-ce que t'en penses ?

    Quirin avait haussé le ton. Il dressa l'oreille, attendit la réponse. Tout le long du chemin du retour, jusqu'à la rue du Cheval-Blanc, dans la neige jusqu'aux genoux, il avait pensé aux récits de son père, ancien de Friedland dans le 1er corps du général Victor (que cette bataille avait fait maréchal de France), réchappé de la retraite de Russie : blizzard, froid qui gelait jusqu'au squelette, panse béante des chevaux éventrés pour seul abri, la faim comme une bête griffue qui dévorait les entrailles, et la neige, encore la neige, la neige à perte de vue, à perte d'espoir !

    Inquiet, il suspendit ses mouvements. Silence. Seuls les crépitements du chêne dans la cuisinière. L'air embaumait la cire d'abeille et la fumée d'un feu de bois : la bonne ambiance de la maison, après le bruit, la poussière, la frénésie de l'atelier, et la bise qui l'avait coupé en deux dans l'interminable rue Nationale.

    - Justine !

    Silence.

    Justine ! Nicolas...

     

    Dédicace - Épigraphe

    Dédicace : A Paulette Creusat-Lamesch, ma grand-mère.

    Épigraphe : Voilà le sacrifice immense, universel !
    L'univers est le temple et la terre est l'autel.
    [...]
    Tout se tait : mon coeur seul parle dans ce silence
    La voix de l'univers, c'est mon intelligence.
    [...]
    Celui qui peut créer dédaigne de détruire.
    (Alphonse de Lamartine (Méditations poétiques, 1820 : La prière).

     

    Revue de presse

    Vosges Matin

    2010

     


     

    Page créée le dimanche 21 mars 2010.