Biographie vosgienne

Charles Jean Baptiste JACQUOT, dit Eugène DE MIRECOURT
 
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Dictionnaire des Vosgiens célèbres

JACQUOT (Charles Jean Baptiste) dit Mirecourt (Eugène de), homme de lettres

Mirecourt, 19 novembre 1812 - Paris ?, 13 février 1880


Né au sein d'une famille d'artisans de père en fils : maréchal-ferrant pour l'arrière-grand-père, aubergiste pour le grand-père et boulanger pour le père, Charles Jacquot a une mère au coeur royaliste et fidèle qui le destine à la prêtrise. Après ses études au séminaire, il ne supporte pas cette perspective et, parti pour rejoindre le monastère de La Trappe, il s'installe en fait à Paris mais ses insuccès littéraires le poussent à prendre, à Cherbourg, une place de précepteur, qu'il quitte vite pour s'établir maître de pension à Chartres en 1838 où il épouse une fille du garde national Tabourier.

Grand lecteur de Hugo, il revend bientôt son institution pour revenir à Paris lors de la publication de son premier ouvrage Sortir d'un rêve (2 vol.) qui paraît sous le pseudonyme d'Eugène de Mirecourt. Mais le succès n'est pas là et c'est à Nancy qu'il vient s'installer et fonde avec Leloup de Charroy, alias Leupol, le journal La Lorraine, 1839-1840, 3 volumes, dans lequel il donne des notices sur les antiquités, les légendes, des descriptions de sites et des histoires des hommes célèbres. De retour à Paris en 1840, il publie La Famille d'Arthenay, en 1841 Le Lieutenant de la Minerve et bientôt ses romans paraissent en feuilletons dans Le Globe, Le Commerce, La Patrie, et retiennent l'attention des critiques.

Il fait circuler deux textes contre la méthode de fabrication des romans d'Alexandre Dumas en 1845, ce qui le fit condamner à 15 jours de prison. En 1847, le Théâtre Français joue Mme de Tencin et les Variétés, en 1853, donne La Table tournante, expérience de magnétisme. Il écrit aussi pour les journaux des romans à thème historique : La Fille de Cromwell, Les Confessions de Marion Delorme (1849), Les Mémoires de Ninon de Lenclos (1854).

Il doit son succès à la série Les Contemporains, 100 volumes publiés de 1854 à 1858, qui sont autant de biographies satiriques des célébrités de la politique, de la littérature et des arts. Les portraits sont simplement piquants lorsqu'il s'agit de personnalités conservatrices et ultras, et très féroces pour celles qui ont des tendances libérales. Cette série connaît plusieurs rééditions, dont la dernière de 1867 à 1872.

Elle constitue une peinture de moeurs du Second Empire et lui vaut souvent de grandes inimitiés et des procès qui le contraignent à quitter Paris pour Mirecourt où il publie Avant, pendant et après la Terreur (1865 ), nettement réactionnaire.

Il est sous-lieutenant de la garde nationale à Mirecourt durant la guerre de 1870.

Il retrouve la vocation refusée pendant l'adolescence. Déjà auteur en 1865 d'un Dictionnaire des sciences catholiques, il se fait prêtre en 1872 et se fixe à Haïti.

De retour en 1877, il publie sous le pseudonyme d'Ed. Armel de Kervant 1789 et son histoire et Voltaire, ses hontes, ses crimes, ses oeuvres et leurs conséquences sociales.

Il meurt à Paris ou, selon certains biographes, à Ploërmel (Morbihan).


Bibl. : Jacquot (Michel J.).- Un centenaire oublié, Eugène de Mirecourt, homme de lettres, in Bulletin de la Société Philomatique Vosgienne, 1981, vol. 84, p. 143-147.
Cordier (Marcel).- Eugène de Mirecourt, in Cahiers Vosgiens, N° 42, 1980.
Bouvier.- Biographie générale vosgienne, p. 476.


[Albert Ronsin].