Biographie vosgienne

François BAPTISTE
 
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La Liberté de l'Est

Le capitaine Baptiste et les clés de Namur


Le souvenir d'un de nos compatriotes est lié à une des pièces les plus précieuses du Musée Lorrain de Nancy. Au deuxième étage, dans une vitrine de la salle XXXI, sous le numéro d'ordre 1301, vous trouverez un écrin contenant une grosse clé de bronze d'environ quinze centimètres, accompagnée d'une sorte de clé de cadenas et de médailles en bronze. Le tout repose sur un coussinet de velours. Un manuscrit autographe joint porte ces mots :

Moi, Vandamme, lieutenant général de l'Empire, déclare que le sieur Batiste François, adjudant au 75e régiment de ligne, a, en ma présence, fermé les portes de la ville de Namur, le 19 juin 1815, malgré le feu et la mitraille, et qu'il sauva par cette action une partie de l'artillerie du 3e et 4e corps d'armée.
Fait à Paris le 21 juin 1815. Signé : Vandamme.


François Baptiste, né à Saint-Ouen-les-Parey, le 4 septembre 1788, eut une glorieuse existence militaire, particulièrement mouvementée. Soldat à l'âge de 17 ans, il fut nommé caporal sur le champ de bataille d'Eylau. Il combattait en Prusse, en Pologne, en Espagne, en Saxe. Il fut blessé d'un coup de feu au siège de Saragosse et récolta un coup de lance à la tête, un au bras droit et un coup de crosse qui lui cassa trois dents, au siège de Lérida où néanmoins, il fut le premier à planter le drapeau français.

Au siège de Taragone, il est sergent porte-drapeau et a l'épaule traversée par une balle. Il récolte également des blessures à Lutzen, à Bautzen, à Dresde, à Leipzig, où il a le bras gauche cassé. Il est chevalier de la Légion d'Honneur. Il fut doté plusieurs fois par l'Empereur.

Pendant la campagne de France, il reçoit deux coups de baïonnette à Brienne et ferme les portes de Namur.

Congédié en 1815, il reprend du service en 1817, et son energie dans la répression d'une révolte politique lui vaut le grade de sous-lieutenant porte-drapeau au 20e de ligne. Il fit alors les campagnes d'Espagne et d'Afrique.

Capitaine en 1835, il se retira à Nancy où il mourut en 1861, laissant la réputation d'un des plus braves soldats de la Grande Armée.

Ses descendants habitent toujours Saint-Ouen.


[Jean Bossu, La Liberté de l'Est, 12 avril 1952.]