Biographie vosgienne

Charles CHAPIAT
 
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Vosges Matin - Vittel

Charles Chapiat, rassembleur des Bans

L'abbé Chapiat est entre autre impliqué dans l'appellation d'une source dite <em>du Curé</em> située à droite à l'entrée du parc thermal. Charles Chapiat est né à Belmont-lès-Darney le 20 mai 1807, fils de Léopold Chapiat, cultivateur et longtemps maire de Belmont, et d'Anne Fournier de Niedeck, descendante des barons du saint Empire germanique. Il est le cadet des quatre enfants de Léopold et Anne. Il fait ses études au petit séminaire de Senaide, puis étudie la théologie à Saint-Dié.

Élève brillant il est nommé professeur de lettres au séminaire de Senaide en 1827, puis professeur de rhétorique au collège de Charmes l'année suivante : il devint, en 1831, vicaire à Neufchâteau, ville où il venait d'être ordonné prêtre, avant de devenir le curé de Damas (1832) pour dix-huit années.

C'est en 1850 qu'il vint à Vittel, en qualité de curé doyen, où il officia jusqu'à sa mort, survenue le dimanche 5 mars 1882, après une longue et douloureuse maladie. Il reçut le 13 avril 1870 l'insigne de la Légion d'Honneur.

Historien, liturgiste et poète, orateur et écrivain de talent, Charles Chapiat a laissé une oeuvre importante d'historien (histoire du bienheureux Père Fourier, en 1850, vie de la vénérable Mère Alix Le Clerc, en 1858, histoire de Vittel et de ses eaux, en 1877, et même un guide touristique, Voyage dans les Vosges, en 1881). Il avait aussi un talent certain pour la poésie, à telle enseigne que son recueil intitulé Mélopées de la solitude lui valut l'éloge d'Alphonse de Lamartine lui-même (1841). Il écrivit également des recueils destinés à consoler les malades des suites de l'épidémie de choléra de 1854.

Réunion des paroisses du Petit Ban et du Grand Ban

Si son prédécesseur, l'abbé Noël, s'était évertué en vain de fusionner les deux paroisses ennemies durant ses 40 années de sacerdoce à Vittel, Charles Chapiat fit dès sa nomination des pieds et des mains pour y parvenir et se heurta au début à un refus catégorique des deux parties qui tenaient à leur autonomie civile et religieuse. Il eut l'idée de déclarer que les deux églises étant dans un triste état, il fallait célébrer les offices dans l'une pendant qu'on réparait l'autre. C'est celle du Petit Ban, Saint-Privat, qui est remise en état la première avec des travaux qui durèrent deux années. Les fidèles vittellois prirent de ce fait l'habitude de se réunir dans le même lieu de culte et c'est ainsi que l'église du Grand Ban, Saint-Remy, agrandie par l'adjonction d'un porche, devint l'église paroissiale où ont lieu les grandes cérémonies', précise Pierre Bouloumié. Vittel n'était plus qu'une seule commune et une seule paroisse, grâce à l'abbé Chapiat.

Un nouveau choeur

Les modifications architecturales dans les églises Saint-Privat, réparée en 1856-1857, verra son chevet détruit et le nouveau choeur comprendra trois pans, le portail d'entrée passera du prétendu grec au néogothique. Saint-Remy, en travaux en 1858-1859, aura ses chapelles Sud et Nord restaurées voire remaniées ; Charles Chapiat fera surtout abaisser le sol de l'église de 70 cm pour donner de l'élévation aux nefs, note René Thivet dans son livre sur l'abbé. Ceci a une conséquence fâcheuse, c'est de fragiliser l'ensemble de l'édifice qui devra être consolidé par la suite, mais l'église s'était considérablement agrandie. Pour plus de détails, lire la brochure L'abbé Chapiat, de Pierre Moine et René Thivet.

Vittel lui doit aussi de ne pas avoir été incendiée, en 1870, en représailles à la suite du meurtre de deux Uhlans tués par des francs-tireurs. En effet, le curé vittellois fit valoir son titre venant de l'Empereur d'Allemagne le déclarant noble du saint Empire germanique pour commander les Prussiens qui acceptèrent de percevoir une rançon.

L'abbé Chapiat est par ailleurs impliqué dans l'appellation d'une source dite du Curé située à droite à l'entrée du parc thermal, près du Parc des Enfants. Sollicité par Pierre Bouloumié pour tester une source spéciale, il renonça au bout de cinq jours, déclarant que cette eau ne convenait pas aux ecclésiastiques.

Personnage aux multiples facettes, l'abbé Chapiat a bel et bien marqué l'histoire de notre ville qui lui a rendu un hommage particulier le 14 septembre 1997 en lui dédiant une stèle visible sur le mur extérieur de l'église Saint-Remy du côté de l'école de musique.


[Vosges Matin, dimanche 10 mai 2009].