Biographie vosgienne

Christian Paul Émile CHAMPY
 
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Dictionnaire des Vosgiens célèbres

CHAMPY (Christian Paul Émile), médecin, biologiste membre de l'Institut
(Uzemain, 18 avril 1885 - Paris (V°), 29 avril 1962)

Fils de [Charles] Champy, sa prime enfance est fortement marquée par l'influence d'un père à la fois biologiste, fin lettré et poète. En 1896, il est envoyé au lycée d'Épinal et passe son baccalauréat en 1903. Il entreprend ensuite des études de médecine à la faculté de Nancy.

Il devient préparateur de Le Monnier, puis de Prenant qu'il suit lorsque ce dernier s'installe à Paris. Il fréquente également le laboratoire de Gley. Il est reçu docteur en médecine en 1911 avec une thèse sur le rôle de la cellule intestinale dans la digestion. Dans sa thèse de doctorat ès sciences, soutenue en 1913, il donne une description de la spermatogenèse chez les batraciens. La même année, il est reçu premier à l'agrégation d'histologie.

La première guerre mondiale interrompt son activité scientifique ; démobilisé, il reprend ses recherches. Le premier en France, il pratique la culture des tissus et établit une relation entre la multiplication cellulaire et la différenciation des cellules. De là, il est amené à étudier le phénomène de la croissance qui va devenir le sujet dominant de ses travaux. Il en propose une méthode de mesure basée sur le coefficient mitotique qui sera universellement utilisée par la suite.

Il étudie également l'influence des hormones dans la croissance et plus particulièrement l'action du corps thyroïde. Dès 1921, avec Simanovicz, il étudie les hormones génitales et démontre que le follicule croît chez la femme du premier au 18° jour de la période intermenstruelle, puis se différencie en corps jaune jusqu'aux règles suivantes.

En 1923, quelques mois après la découverte d'Allen et Doiry, il met en évidence avec Seaborn, le pouvoir oestrogène du liquide folliculaire prélevé chez la vache. Il multiplie les expériences sur les caractères sexuels secondaires et leur transformation sous l'influence de la castration et des injections hormonales. L'une d'entre elles provoque à l'époque une certaine stupéfaction dans le monde scientifique : en soumettant à un jeûne complet des tritons mâles, il obtient un effacement des caractères sexuels secondaires, la glande génitale ayant perdu son type dominant. Puis, en les nourrissant à nouveau, il constate que certains tritons ont développé alors ce qui était primitivement l'élément accessoire, c'est-à-dire l'élément femelle. Il répète ensuite son expérience sur des oiseaux par castration unilatérale et obtient le même résultat. Il s'aperçoit également que certains appendices sexuels chez les insectes ont, au terme du développement, un rapport fixe avec la taille, mais ils croissent plus vite que la taille ; il baptise ce phénomène du nom de dysharmonie de croissance.

Il prouve également que les nerfs et leurs terminaisons sympathiques jouent un rôle fondamental dans la régénération et la croissance. Tout naturellement, il est amené à se préoccuper de la croissance anormale des cellules, autrement dit du cancer et découvre, dès 1939, un traitement contre la tumeur de la prostate. Mais ses conceptions sur la cancérogenèse se voient vivement critiquées.

La carrière scientifique de Christian Champy ne doit pas faire oublier celle du pédagogue. En 1927, il succède à Prenant, son maître, dans la chaire d'histologie de la faculté de médecine de Paris où son enseignement devient comme un véritable enchantement de données physiologiques nouvelles.

Entouré d'éminents collaborateurs dont sa fille et son gendre, il a toutes les qualités d'un chef d'école, suscite de nombreux travaux et forme une pléiade de disciples. En 1936, il est élu membre de l'Académie de médecine. Tenant compte de sa valeur exceptionnelle, tant du point de vue scientifique que pour ses talents d'organisateur, le ministère de l'Éducation nationale le charge, en 1950, de mettre sur pied l'Université d'Hanoi dont il devient recteur. En deux ans, il fait de la faculté de médecine de cette ville un des centres intellectuels les plus prisés d'Extrême-Orient.

Sa carrière trouve un couronnement par son élection, en 1954, à l'Académie des Sciences. Vers la fin de 1960, la fatigue des ans et la maladie l'obligent à mettre un terme à ses travaux.


Bibl. : notice de Gilbert Rucard in Nos Vosges, Le Livre d'Or des Vosgiens, p. 332-334.
Bénard (H.).- Paul-Émile-Christian Champy (1885-1962), in Bulletin de l'Académie nationale de Médecine, tome 146, 1962, p. 552-559.


[Pierre Heili].