Biographie vosgienne

Julie Victoire DAUBIÉ
 
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Dictionnaire des Vosgiens célèbres

DAUBIÉ (Julie Victoire), militante féministe

Bains-les-Bains, 23 mars 1824 - Fontenoy-le-Château, 26 août 1874

Tombe de Julie-Victoire Daubié, cimetière de Fontenoy-le-Château. Julie Victoire Daubié est la fille de Jean Nicolas Bernardin Daubié, caissier à la Manufacture de Bains, et de Marie Victoire Coleuille. Deux mois après sa naissance, son père revient à Fontenoy afin de résider dans la maison de ses ancêtres.

A l'issue de ses études, Julie décide de préparer seule son brevet de capacité. Elle est âgée de vingt ans lorsqu'elle l'obtient le 31 août 1844. Son admiration pour les grands hommes de l'antiquité et son goût prononcé pour les classiques lui font entreprendre l'étude du grec et du latin. Elle veut devenir bachelière à une époque où les portes de l'Université sont fermées aux femmes. Dès lors, elle ne néglige rien pour y parvenir. Florentin Daubié, son frère, curé de Bazegney, lui donne quelques leçons. Elle accepte ensuite un préceptorat chez M. Krantz, manufacturier à Docelles. Durant ses heures de loisir, elle étudie sans relâche.

Lorsqu'elle se sent suffisamment forte, elle tente de passer son examen en Sorbonne, mais elle est repoussée par les professeurs de cette université et même par le Ministre de l'Instruction publique de Napoléon III. Elle s'adresse ensuite aux dirigeants de la faculté de Lyon où elle trouve un défenseur enthousiaste en la personne d'Arlès Dufour qui enseigne dans cette dernière.

Une campagne très active est menée en sa faveur. Finalement le ministre cède et le 17 août 1861 Julie Victoire Daubié passe brillamment son examen à Lyon. Elle devient ainsi la première bachelière en France. Durant deux mois, la presse la comble d'éloges et elle reçoit des lettres de tous les hommes marquants de son temps : Alexandre Dumas fils, Ernest Legouvé, Geoffroy Saint-Hilaire, Charles Robert, Louis Buffet, etc.

Elle n'est pas femme à s'arrêter en si bon chemin. Grâce à ses relations, elle prépare une licence ès-lettres en Sorbonne, qu'elle passe avec succès le 28 octobre 1871. Dans la République des Lettres, cet événement se révèle aussi extraordinaire que le précédent. Les missives de félicitation affluent de toutes parts, de France et de l'étranger. Ses correspondants l'encouragent à préparer un doctorat ès-lettres.

Pour ce faire, elle se rend à Rome. La maladie l'oblige à revenir à Fontenoy où elle meurt, épuisée par ses nombreux travaux. Elle repose au milieu du cimetière de Fontenoy-le-Château.

Durant toute son existence, elle a milité pour arracher les femmes de son siècle à une sujétion qui les rendait juridiquement inexistantes sous l'autorité de leurs maris. Pour arriver à ses fins, elle a publié de nombreux ouvrages : La Question de la femme, Manuel du jeune homme, L'émancipation de la femme, La femme au XIXème siècle, La Femme pauvre au XIXème siècle, La Tolérance légale du vice.

Peu de temps avant sa mort, elle rédige un nouvel ouvrage intitulé : La Femme dans la société romaine. Membre de plusieurs associations telles que la Commission de l'enseignement communal et la Ligue internationale et permanente de la paix, elle a été aussi vice-présidente de l'Association pour l'émancipation progressive de la femme.


Bibl. : Olivier (Abbé C.).- Fontenoy-le-Château, in Annales de la Société d'Émulation des Vosges, 1984, p. 411 à 413.
Théveny (B.).- Julie Victoire Daubié, Annales de la Société d'Émulation des Vosges, 1988, p. 71 à 76.
État-civil de Fontenoy-le-Château et de Bains-les-Bains.


[Georges Poull].