Biographie vosgienne

DU CHÂTELET
 
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Dictionnaire des Vosgiens célèbres

DU CHÂTELET (Famille)

Le château d'Autigny-la-Tour (Vosges), berceau de la famille Du Châtelet.
 
La famille du Châtelet est célèbre. Ses membres ont toujours figuré au premier rang parmi les nobles qui composaient l'ancienne chevalerie du duché de Lorraine. Elle tire son nom d'une forteresse située dans la commune actuelle d'Harchéchamp, au nord-est de Neufchâteau. Suivant Dom Calmet, son principal historien, et de nombreux autres auteurs, elle serait issue de Thierry de Lorraine, dit d'Enfer ou du Diable (1209-1224), l'un des fils de Ferry de Lorraine, duc, sire de Bitche. Ce personnage possède le château et la terre d'Autigny à la fin de son existence. En juin 1244, ce fief appartient à Feny, sire du Châtelet, qui figure dans de nombreux documents jusqu'à son décès survenu en 1296.
Contrairement à ce que déclarent ces chercheurs, aucun acte ne permet de prouver qu'il est le fils de Thierry de LorraIne. Par contre, nous avons pu établir qu'Alaïs, sa mère, héritière des seigneurs de Nogent-en-Bassigny, a épousé en secondes noces Simon III, sire de Parroye.

Ferry, sire du Châtelet, est le demi-frère de Jean de Parroye, chevalier, de Simon de Parroye, chantre de Saint-Dié et de leurs frères et soeurs. A la suite de son mariage avec Isabelle de Maizey, il a les enfants suivants :
- Errard, sire du Châtelet, chevalier (1264-1324) dont la descendance s'éteint rapidement,
- Jean du Châtelet, écuyer, avoué du val de Vagney (1285- 1325), père d'un fils mort au cours de sa jeunesse,
- et Henri du Châtelet, chevalier, sire d'Autigny (1308-1333), père d'Errard qui suit.

Gravure extraite de l'Histoire de la Maison du Châtelet, par dom Calmet. Errard du Châtelet est écuyer en 1334 et chevalier à partir de 1346. Il devient sire du Châtelet à la suite du décès de ses cousins. Il épouse successivement Agnès de Bourlémont, puis Eudes. Redoutable homme de guerre, il participe tout d'abord au conflit qui oppose le duc de Bourgogne à Jean de Chalon et à ses alliés en novembre et décembre 1346. A cette époque, il se retranche avec ses compagnons dans la ville de Remiremont. Dix ans plus tard, il ravage Pagny-sur-Meuse.
En juin 1367, il assiège la forteresse de Deuilly. Il entreprend également une guerre privée contre Guillaume, sire de Thuillières, afin de s'approprier le château et les seigneuries de Jean du Val, chevalier, sire du Val d'Arol près de Mirecourt, mort après 1355 sans enfant. Il assiège et s'empare du château de Thui1lières défendu par Guillaume et son fils qui sont faits prisonniers et détenus durant plusieurs mois dans les prisons du château du Châtelet. Ce conflit n'est pas terminé quand Errard meurt.
Pierre, l'aîné de ses fils, assure la continuation de la lignée principale des sires du Châtelet qui s'éteint à la fin de 1429.

Renaud du Châtelet, chevalier, l'un de ses autres enfants, est l'auteur d'une branche qui se subdivise au cours des siècles en multiples rameaux répandus à travers les duchés de Lorraine et de Bar. Il possède notamment les châteaux et seigneuries du Châtelet, de Deuilly et de Rémoville. A titre de bailli du Bassigny, il est fréquemment cité dans les actes et comptes qui intéressent cette circonscription territoriale. Lorsqu'il disparaît en mars 1430, il est inhumé dans l'église des Cordeliers de Neufchâteau où reposent déjà la plupart des membres de sa famille.

Errard sire du Châtelet, dit le Grand, son fils aîné, est armé chevalier de bonne heure. Le 6 mars 1439, il entre en possession du château et de la terre de Bulgnéville, qui lui sont donnés par Hue de Bauffremont, son parent. Il hérite également des forteresses et seigneuries du Châtelet, Deuilly et Cirey. Au fil de son existence, il devient notamment Chambellan de René d'Anjou, duc de Lorraine, Chef du Conseil de régence durant l'absence de ce prince, maréchal de Lorraine et du Barrois. En juillet 1431, il participe à la bataille de Bulgnéville, à l'issue de laquelle il est fait prisonnier. Il meurt comblé d'honneurs en août 1459. Ses deux épouses lui donnent onze enfants. Pierre du Châtelet, son fils aîné, assure la continuation de sa branche qui s'éteint au milieu au milieu du XVI° siècle.
Guillaume du Châtelet, son second fils, est l'auteur du rameau des seigneurs de Pierrefitte.
Errard du Châtelet, l'un de ses autres enfants, est à l'origine du rameau des seigneurs de Bulgnéville.

Hue du Châtelet, tige du rameau des seigneurs de Deuilly, est l'un des fils de Pierre du Châtelet, qui précède. Il est notamment le père de Jean du Châtelet, auteur du rameau des seigneurs des Thons et de Trichâteau, qui s'est lui-même subdivisé. Les comtes de Lomont en sont issus.

Au cours du XVIII° siècle, Florent Claude, marquis du Châtelet, lieutenant-général des Armées du roi, bailli d'Auxois et de Sarrelouis, épouse Gabrielle Emilie de Breteuil, c'est-à-dire la Divine Emilie, grande amie de Voltaire.

Florent Marie Louis, duc du Châtelet, leur fils devient notamment lieutenant-général des armées du roi, maréchal de camp, ambassadeur en Angleterre et en Autriche. Quand la Révolution éclate, il est déclaré suspect. Il est finalement arrêté et guillotiné le 13 décembre 1793. Comme il n'a pas eu d'enfant de Diane Adelaïde de Rochechouart, la famille du Châtelet s'éteint avec lui. Son remarquable hôtel parisien est actuellement le siège du Ministère des Affaires sociales et de l'Emploi.


Bibl. : Calmet (Dom).- Histoire généalogique de la Maison du Châtelet, Nancy, 1741 (ce travail n'est valable qu'à partir du début du XV° siècle).
Poull (G.).- Les Sires de Parroye, 1972, page 32 et suiv.
Poull (G.).- Catalogue manuscrit des actes de la Maison du Châtelet (1244 à 1429) .


[Georges Poull].