Biographie vosgienne

Jean Thiébaut GÉHIN
 
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Dictionnaire des Vosgiens célèbres

GÉHIN (Jean Thiébaut), manufacturier

Ventron, 1796 - Saulxures-sur-Moselotte, 5 janvier 1843


Jean Thiébaut Géhin montre de bonne heure qu'il est un habile mécanicien. Il est en effet âgé d'une trentaine d'années quand, en 1825 il fonde à Saulxures la première filature mécanique à moteur hydraulique de l'arrondissement de Remiremont. Cette usine est gérée par une société de personnes dont il est le principal actionnaire. Elle alimente bientôt les deux tissages qui sont édifiés suivant ses plans dans la même localité, en 1828 et 1835. Trois ans plus tard, il s'associe avec M. B. Laurent et Georges Perrin pour créer un nouveau groupe textile. Le grand tissage qu'ils font construire est situé au Daval, à Cornimont.

Jean Thiébaut Géhin se lance dans la politique à cette époque. Il devient conseiller général du canton de Saulxures de 1836 à 1839 et maire de cette commune durant les douze dernières années de sa vie.

Quand il disparaît prématurément au début de 1843, Elisa Mathieu sa veuve, prend en mains l'administration de ses manufactures qui sont agrandies au fil de ses rentrées d'argent. Elle prend pour raison sociale Veuve J. Th. Géhin. En 1845, elle se retire de la société fondée en 1838 à Cornimont. Elle possède alors 20.000 broches et 350 métiers mécaniques. Quinze ans plus tard, son entreprise est une des plus importantes de la région vosgienne, avec 28692 broches, 501 métiers et 810 ouvriers. Elle est redevable de cette ascension à Nicolas Claude, son associé, qui a été autrefois le précepteur de ses deux fils. Durant la grande crise cotonnière occasionnée par la guerre de Sécession américaine, elle perd 1.000.000 de francs à la suite de la mise en faillite d'un de ses commissionnaires parisiens. Elle meurt, âgée de 80 ans, le 26 novembre 1876.

Durant sa longue existence, elle fait terminer le grand château de style Louis XV que son mari avait entrepris de faire construire. Elle y réside jusqu'à sa disparition. Elle lègue à la commune de Saulxures 150.000 francs pour la création d'un hôpital et 200.000 francs pour que l'église paroissiale soit reconstruite. Elle fait de Nicolas Claude son légataire presque universel, aux dires de ses détracteurs, en raison de la mort prématurée de ses enfants. Elle repose près de son mari dans la chapelle funéraire qu'elle a fait construire dans le cimetière de Saulxures.


Bibl. : Poull. (G.).- L'Industrie textile vosgienne 1765-1981, p. 256 à 259 et 381 à 383.


[Georges Poull].