Biographie vosgienne

Marcel ALBISER *
 
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Vosges Matin - Vittel

Les chanoines Pierfitte, Marchal et Albiser

Après l'abbé Chapiat dont nous avons parlé dans notre précédent volet, restons dans le domaine ecclésiastique pour (re)découvrir trois autres chanoines.

Marie-Charles Pierfitte (1847-1910)

Comme l'abbé Chapiat, Marie-Charles Pierfitte est né à Belmont-devant-Darney. C'était le 15 février 1847. Il a été vicaire de Vittel en 1872 et a donc travaillé auprès de son maître, Charles Chapiat. En 1877, il a été nommé curé d'Ainvelle, puis de Portieux en 1887, avant de terminer comme chanoine de Saint-Dié, où il est décédé le 21 mars 1910. Il a laissé derrière lui une oeuvre importante, dans laquelle figurent, entre autres, L'Ancien Vittel, paru en 1900, La Justice à Vittel avant 1789 paru en 1891-92, et surtout La Nécrologie ecclésiastique, vaste ouvrage consacré à la biographie de ses collègues vosgiens disparus avant lui. Il a été par ailleurs l'ami de Maurice Barrès, journaliste, polémiste, caricaturiste, et a été le fondateur de la Croix de Lorraine. Et il a écrit pour la Société archéologique lorraine. Une éminence intellectuelle, sans conteste !

Charles Marchal (1860-1925)

Nous savons peu de choses sur l'abbé Marchal - dont une rue vittelloise porte le nom - avant qu'il n'arrive à Vittel, en 1910, si ce n'est qu'il était auparavant curé de Saint-Maurice-sur-Moselle et que son vicaire, l'abbé Lamaze, l'a rejoint à Vittel. Charles Marchal succédait ainsi au chanoine Gravier, curé de Vittel depuis 1894. Il était considéré comme quelqu'un de bon et de généreux, ce qui fut souligné par chacun des orateurs lors de ses obsèques en l'église Saint-Remy, le 28 décembre 1925, en particulier par Jean Bouloumié, maire de Vittel, et Mgr Foucault, évêque de Saint-Dié. C'est grâce à l'abbé Marchal que l'orgue de Saint-Rémy fut refait complètement et que la tribune fut entièrement transformée, mais là n'est pas son oeuvre essentielle.

Son souci majeur étant l'amélioration du sort matériel et moral de la paroisse et plus particulièrement des plus démunis, il créa l'union fraternelle des hommes qui chercha à construire des habitations ouvrières hygiéniques et à bon marché, au total une vingtaine de logements indépendants, avec un petit jardin de 200 m2 , dont le loyer ne dépassait pas 240 F. Le but principal était de pouvoir accéder facilement à la propriété en versant des annuités d'un maximum de 20 ans : en cas de décès de l'ouvrier-propriétaire, la société d'assurance versait le solde restant, sécurisant ainsi le reste de la famille. Les premiers travaux furent entrepris à la belle saison 1911, et les trois premières maisons doubles occupées dès novembre. Les autres suivirent rapidement et grâce à l'abbé social, une vingtaine de familles purent être plus que décemment logées.

À la disparition du chanoine Albiser en 2003, beaucoup de Vittellois ont dit avoir perdu le plus érudit d'entre eux. Marcel Albiser (1899-2003)

Plus près de nous, puisqu'il nous a quittés il y a seulement six ans - il est décédé le 13 juin 2003 -, le chanoine Marcel Albiser est né à Saulxures-sur-Moselotte le 10 avril 1899. Il a accompli son petit séminaire à Mattaincourt, puis le grand séminaire à Saint-Dié, avant d'être ordonné prêtre en 1925. Son parcours ecclésiastique l'a fait passer de Saint-Joseph à Épinal, où il a enseigné, à Charmes, Hadigny-les-Verrières, Lerrain, Lamarche et enfin Vittel, où il a officié de 1950 à 1973.

Amoureux d'histoire et de voyages, il a écrit de nombreux ouvrages et brochures : Le Guide illustré des environs de Vittel en trois tomes, en 1958, Le Guide illustré de la plaine des Vosges en quatre tomes, un traité sur Israël, terre de luttes et de contrastes, qu'il a présenté en conférence-diaporama. Il méritait donc bien d'être médaillé d'honneur de la Ville d'Épinal, chevalier des Arts et des Lettres, et de recevoir la médaille d'or de la Ville de Vittel. A sa disparition, beaucoup de Vittellois dirent avoir perdu le plus érudit d'entre eux, et il est ô combien naturel que la bibliothèque ait reçu le nom du chanoine Albiser, gage que ses concitoyens n'ont pas la mémoire courte !


[Vosges Matin, dimanche 24 mai 2009].