Biographie vosgienne

Henri Charles CLAUDEL
 
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La Liberté de l'Est

Souvenirs sur Henri Claudel,
inventeur du carburateur



Un de nos lecteurs et amis, M. André Boucher, l'industriel rambuvetais bien connu, eut l'occasion, dans sa jeunesse, de rencontrer à plusieurs reprises Henri Claudel, l'inventeur du carburateur, dont nous avons récemment annoncé le décès.

Le père de M. André Boucher, notre éminent compatriote Henri Boucher qui fut un grand ministre du Commerce, s'était intéressé, en effet, aux essais et inventions du jeune Henri Claudel. Estimant qu'un pareil talent méritait d'être encouragé, il le mit en relation avec le marquis de Dion, fondateur de la célèbre marque automobile de Dion-Bouton. Bien accueilli, Henri Claudel procéda alors aux essais, sur moteurs fixes et sur automobiles, des carburateurs qui le rendirent célèbres.

- C'était, nous dit M. André Boucher que nous remercions bien vivement de ses très intéressantes précisions, un autodidacte, un esprit inventif très remarquable. Il s'attacha d'abord aux problèmes de l'emploi du pétrole lourd aux moteurs à explosion. Il le résolut avant l'apparition du moteur Diesel en imaginant un carburateur spécial, dit gazéificateur, pour lequel il prit de nombreux brevets en France et à l'étranger.

En 1904, Henri Claudel vint de Paris à Corcieux, son pays natal, puis à Gérardmer, dans une de Dion à moteur monocylindrique équipé de son carburateur à pétrole, une de ces machines, révolutionnaires pour l'époque, qui semait l'effroi en même temps qu'elle suscitait une intense curiosité dans nos campagnes.

Et M. André Boucher a gardé un souvenir fort vif des randonnées qu'il fit dans les Vosges avec l'inventeur de Corcieux. Le véhicule qui serait maintenant un inestimable objet de musée, fut conservé plusieurs années par M. Henri Boucher.

Le carburateur comportait un dispositif chauffé par les gaz d'échappement qui gazéifiaient le pétrole et le rendaient propre à la carburation. La voiture démarrait à l'essence contenue dans le petit réservoir auxiliaire et, au bout d'un moment, on passait au pétrole en manoeuvrant un robinet à portée du conducteur.

Mais l'usage révéla plusieurs inconvénients. Le fonctionnement était assez défectueux. Les voitures se faisaient remarquer par de violentes pétarades.

Claudel limita l'emploi de ce carburateur aux moteurs fixes et s'attacha, dès lors, à perfectionner le carburateur à essence dont il établit la théorie et aboutit à créer les modèles universellement connus qui firent sa fortune.


[Anonyme, La Liberté de l'Est, 3 septembre 1957.]