Biographie vosgienne

Georges AUBERTIN
 
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Vosges Matin

Carnet
Georges Aubertin nous a quittés

Nous apprenons le décès de Georges Aubertin à l'âge de 94 ans.

Georges Aubertin était né à Relanges le 14 novembre 1919 dans une famille modeste, père sabotier, mère brodeuse. Tôt repéré par son instituteur, il eut l'opportunité de poursuivre son parcours scolaire après le certificat d'étude, d'abord à l'école primaire supérieure de Thaon puis à l'école normale de Mirecourt dont il sortira instituteur en 1938. Il était d'ailleurs le dernier survivant de cette promotion.

Il a commencé sa carrière d'instituteur à Thaon-les-Vosges, sans se douter des épreuves que la guerre de 39-45 allait lui infliger. Mobilisé en juin 1940, il fut affecté au 18e RT de Montélimar puis fait prisonnier à Saintes. Libéré un mois plus tard, il allait être un des premiers à bénéficier des chantiers de jeunesse, créés par le gouvernement de Pétain pour occuper le dernier contingent de la classe 39 et celui de la classe 40. Il passera 5 mois dans la forêt de Tronçais (Allier) dans des conditions matérielles plus que spartiates, occupé à des travaux forestiers et de voirie. Il sera libéré des chantiers de jeunesse en janvier 1941 et pourra regagner les Vosges pour y solliciter un poste d'instituteur.

Sa deuxième affectation en tant qu'instituteur le conduira à Lépanges où il exercera jusqu'en août 1944, date à laquelle il rejoint la résistance par le biais du maquis de Grandrupt. Malheureusement le maquis de Grandrupt sera encerclé et démantelé par les Allemands début septembre 1944 et Georges Aubertin fera partie des 214 résistants qui seront déportés. Le convoi passera par le camp de rééducation de Schirmeck pour aboutir au camp de concentration de Dachau près de Munich. Après Dachau, Georges Aubertin sera transféré fin octobre 1944 près de Bad Gandersheim, ville d'eau du Harz pour y travailler dans une usine d'aviation.

En avril 1944, devant l'avancée des armées alliées, les Allemands entreprennent de déplacer dans des camps moins exposés leurs prisonniers ; Georges Aubertin fera partie de ce que l'on a appelé les marches de la mort, tant elles firent de victimes, soit par épuisement soit fusillées par les Allemands. Profitant de la désorganisation croissante de l'armée allemande, il réussira à s'échapper en compagnie de deux compagnons de captivité et à rejoindre l'armée américaine. Il sera rapatrié en France le 18 mai 1945.

Il retrouvera alors son métier d'instituteur qu'il exercera d'abord à Vittel. En 1950, il épouse Anne Marie Bailly, également institutrice. De cette union naîtront deux enfants, Pierre et Dominique, puis quatre petits-enfants.

Après Vittel, le couple exercera pendant 10 ans à Saint-Ouen-lès-Parey pour rejoindre Epinal en 1961.

Ils seront d'abord affectés à l'école Emile-Durkheim. Ils seront ensuite parmi les premiers à habiter et travailler à la ZUP. Georges Aubertin terminera sa carrière en tant que directeur de l'école de garçons Jean-Macé. Fervent défenseur des valeurs de l'école publique, il laissera le souvenir d'un enseignant engagé et passionné par son métier.

Il mettra à profit sa longue retraite pour voyager et s'impliquer dans de nombreuses associations. Il deviendra ainsi un membre éminent du Club mycologique vosgien en compagnie du regretté Pierre Barbas. Il aura également plaisir à retrouver pour des randonnées et des moments de convivialité ses anciens collègues enseignants dans l'Association des retraités de l'enseignement public (Arep). Grand érudit, il cultivera sa soif de connaissances jusqu'au bout en participant à l'université de la culture permanente d'Epinal tant que ses forces le lui permettront et en alimentant par des articles les revues auxquelles il contribuait.

Il eut à faire face plusieurs fois pendant sa retraite à la maladie. La dernière lui fut fatale. Selon ses dernières volontés, son corps a été crématisé et ses cendres reposeront au columbarium d'Epinal. Nos condoléances.


[Vosges Matin, 27 mai 2014].