Biographie vosgienne

Joseph FRECHARD
 
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Dictionnaire des Vosgiens célèbres

FRÉCHARD (Joseph), prêtre, fondateur de l'Institut des Frères de la Doctrine Chrétienne de Nancy

La Petite-Raon, 30 décembre 1765 - Vézelise (Meurthe-et-Moselle), 23 juillet 1849


Après de rapides études dans les abbayes de Moyenmoutier et Senones, il fit profession en 1787. A la Révolution en 1790, il émigra et fut ordonné en 1792. Il revint dans les Vosges et s'établit à Ranrupt, où il développa une intense activité missionnaire. Menacé, il dut se réfugier à Nancy. Après bien des tribulations, il finit par être arrêté et interné quelque temps à Saint-Dié (1799).

Quand dom Lombard, dernier abbé de Senones, tenta de reconstituer une communauté bénédictine à Saint-Jean-du-Mont, dom Fréchard le rejoignit. Mais lorsque la petite congrégation fut dissoute, il devint curé de Colroy-la-Roche et Saint-Blaise-la-Roche en 1808. Préoccupé par l'instruction des enfants, il s'efforça de former chez lui de jeunes instituteurs. C'est l'origine des Frères de la Doctrine Chrétienne. Le presbytère de Colroy devenant trop exigu, dom Fréchard acheta en 1821 le couvent désaffecté des Capucins de Vézelise. Le 17 juillet 1822, une ordonnance royale approuva la nouvelle congrégation.

Lorsque éclata la révolution de 1830, dom Fréchard craignit pour sa fondation une persécution semblable à ce qu'il avait connu dans ses premières années de prêtrise et il ferma son établissement. Quand les événements furent redevenus plus propices, il refusa de reprendre la tête de sa congrégation et la direction passa aux frères Baillard qui en transférèrent le siège de Vézelise à Sion-Vaudémont. Mais leur gestion désastreuse les fit révoquer par l'évêque.

La congrégation s'installa de nouveau à Vézelise en 1847, moins de deux ans avant le décès de son fondateur qui n'avait pas quitté les lieux.

Ce qui frappa beaucoup les contemporains de dom Fréchard, ce fut sa raideur, son intransigeance. Il ne tolérait aucune compromission et adopta envers ses confrères jureurs une attitude qui créa des difficultés personnelles à plusieurs d'entre eux après leur réconciliation avec Rome. Il mena sa paroisse avec une autorité qui frôlait l'autoritarisme.

Mais cet aspect de sa personnalité ne doit pas faire oublier qu'il mena une vie de sacrifice au service des autres, d'abord en s'exposant au danger pour exercer auprès des fidèles un ministère interdit, puis en se consacrant tout entier à une oeuvre qui devait assurer à de nombreux jeunes une instruction solide liée à une éducation chrétienne.


Bibl. : Godefroy/Cherest.- Bibliothèque des bénédictins de Saint Vanne, p. 88.
Godefroy (J.-E.).- Les Bénédictins de Saint Vanne et la Révolution, Paris, 1918.
Reeber (E.).- Dom Fréchard, in Saisons d'Alsace, N° 63, 1977.
Martori (P.).- Dom Fréchard, in Semaine religieuse de Lorraine, 1890, p. 778.


[Gérard et Marie-Thérèse Fischer].