Le Bruit des autres

 
 
 

Date et lieu

Dans un futur proche, du côté de Marseille...

Sujet

Natroz est le nom qu'il porte. Natroz Action. Il est, comme ce nom l'indique, la part de lui-même qui agit : un effaceur d'une agence privée en plein déclin, appartenant à la C.E.S.A. Corporation. C.E.S.A. : Correction, Effacement, Suppression, Annulation. Il n'est qu'un effaceur… Pour lui, c'est tout. Et il travaille en étroite collaboration avec son garde, Natroz Contrôle, qui le suit télépathiquement dans ses missions. Qui l'épaule. A eux deux, ils forment une équipe de fer à laquelle rien ne résiste. Quand tout va bien…

Cette fois, à l'instant où tout commence, il est envoyé dans ce quartier pourri de Zone Marseille Medit. Mort, avec pour cible un agitateur social - un de ces malades qui n'hésitent pas à jouer leur vie et celle des autres en se dressant contre la loi. Celui-là, un salarien terrassier de la Société Brone Talcos, doit être effacé. Une mission ordinaire, pour Natroz. Normalement… Mais quand la routine dérape… (4ème de couverture, 1985).

 

Éditions

Couverture de Tim White.

  • 1ère édition, 1985
  • Paris : Fleuve Noir, avril 1985 [impr. : 20/02/1985].
  • 18 cm, 185 p.
  • Illustration : Tim White / Patrick Magaud (couverture).
  • (Anticipation ; 1369).
  • ISBN : 2-265-02953-X.
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  • 2ème édition, 2014
  • Paris : éditions Bragelonne, 18 août 2014.
  • (Bragelonne Classic).
  • Livre numérique.
  • 128 p.
  • ISBN : 978-2-8205-1700-5.
  • Prix : 2,99 €.
  • Natroz Action est effaceur pour la C.E.S.A. : Correction, Effacement, Suppression, Annulation. Avec son garde Natroz Contrôle qui le suit dans ses missions par télépathie, ils font un travail net et sans bavures. Pourtant, l'effacement d'un agitateur social va vite tourner court...
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    Première page

    Le soleil blanc cassait les ombres, comme s'il avait voulu les réduire en poudre, en faire une cendre épaisse, pour étouffer les grésillements des insectes. Il n'y avait pas seulement des mouches, mais des centaines, des milliers d'autres bestioles invisibles, enterrées, narguant la lumière aveuglante. Des lézards vert et jaunes se coulaient sur les murs pétris de silence, par saccades, ou restaient immobiles comme des excroissances de pierre, des boursouflures de crépi écaillé ; leur gorge palpitait, ils ne faisaient que respirer rapidement.

    La rue était muette, depuis longtemps.

    Morte.

    Comme une espèce de vieux squelette éparpillé, qui n'intéressait plus personne, sinon la vermine vorace.

    Cette stupeur vibrante dans l'air embrasé avait peut-être gagné le reste du monde - la planète n'était plus qu'un amas d'ossements jaillis pêle-mêle de sa propre putréfaction, de son irrémédiable anéantissement…

    Dans la maison, quelque chose bougea.

    C'était une maison semblable aux autres, une ruine pareille, que rien ne distinguait spécialement, sans particularité frappante. Comme les autres bâtiments de la rue, le coup de faux l'avait sabrée au niveau du quatrième étage. Au rez-de-chaussée, deux portes s'ouvraient sur ce qui avait été le trottoir - et qui ressemblait présentement à une vieille croûte de lave sèche, fissurée, craquelée. Il y eut encore un bruit, dans la maison. Une pierre roula, quelque part, dans le fatras qui comblait la ruine aux trois quarts de son volume. Dans la façade, entre les portes, ce qui avait dû être une devanture de magasin, probablement, faisait maintenant songer à une grande bouche ouverte sur un cri d'effroi définitif. Par cette gueule béante, encore cernée de chicots de verre brisés, s'échappa un souffle léger de poussière farineuse.

    La petite fille s'encadra dans la porte de gauche.

     

    Page créée le mardi 4 novembre 2003.