Le Rêve de Lucy

 
 
 

Date et lieu

Il y a trois millions d'années....

Sujet

C'était il y a trois millions d'années, peut-être la première histoire d'amour du monde, lorsque les derniers Australopithèques passaient le relais aux premiers Hommes... Un écrivain, un dessinateur, un scientifique ont ensemble tissé la trame de la fiction et la chaîne de la science pour nous offrir Le Rêve de Lucy - son rêve, mais le nôtre aussi sur cette lointaine et émouvante aïeule.

"Qui peut vraiment dire si cette histoire n'est pas le récit d'une aventure réelle ?" (Yves Coppens). (4ème de couverture, 1990).

 

Éditions

Couverture de Tanino Liberatore.

  • 1ère édition, 1990
  • Paris : Éditions du Seuil, octobre 1990 [impr. : 10/1990].
  • 29 cm, 109 p.
  • Illustrations : Tanino Liberatore (couverture et intérieures).
  • Préface de Alain Berestetsky et Jean-Michel Morel (pp. 8-9).
  • Postface de Yves Coppens: La Première histoire d'amour du monde (pp. 115-121).
  • (La Dérivée).
  • ISBN : 2-02-012503-X.
  • Ouvrage publié à l'initiative de la Fondation 93, centre de culture scientifique, technique et industrielle.
  • Prix : 95,00 F.
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  • 2ème édition (numérique), 1996
  • Paris : Braille soft, 1996.
  • Support informatique, in extenso (1 disquette).
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    Couverture de Tanino Liberatore.

  • 3ème édition, 1997
  • Paris : Éditions du Seuil, juin 1997 [impr. : 06/1997].
  • 18 cm, 185 p.
  • Illustrations : Tanino Liberatore (couverture et intérieures).
  • Postface de Yves Coppens: La Première histoire d'amour du monde (pp. 165-177).
  • (Points ; 402).
  • ISBN : 2-02-032337-0.
  • Prix : catégorie 8.
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    Couverture : Squelette de Lucy, photo de David L. Brill.

  • 4ème édition, 2006
  • Paris : Éditions du Seuil, juin 1997.
  • 18 cm, 185 p.
  • Illustrations : Tanino Liberatore (intérieures).
  • Postface de Yves Coppens: La Première histoire d'amour du monde (pp. 165-177).
  • (Points ; 402).
  • ISBN : 978-2-02-032337-6.
  • Prix : 6,50 €.
  • 4ème de couv. : Lucy se redresse et marche, craint les fauves la nuit, se nourrit de racines, découvre le vaste monde - et croise les siens, ceux qui lui ressemblent. Ensemble ils forment cette tribu célèbre, encore ignorante du destin qui l'attend, de son extraordinaire évolution : les Hommes. Dessinateur, écrivain et scientifique réunissent leurs talents pour raconter le rêve de Lucy, ce rêve qui est aussi le nôtre.
    Yves Coppens, professeur honoraire au Collège de France, codécouvreur de Lucy, a écrit Le Singe, l'Afrique et l'Homme. Pierre Pelot écrit des polars, des westerns et de la science-fiction. Tanino Liberatore, dessinateur pour la bande dessinée et le cinéma, vit en France depuis 1982.
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    Première page

    Elle se trouvait sur le bord de la rivière, et la chaleur du jour commençait de glisser vers le soir, quand leur odeur vint jusqu'à elle, quand elle les vit pour la première fois. Elle était accroupie sur les pierres dures de la berge ; des herbes chatouillaient l'intérieur de ses cuisses. Elle était là et elle regardait l'eau.

    Elle aimait bien regarder l'eau. Parfois, cela lui procurait la même sensation que lorsqu'elle s'endormait, mais elle n'était pas endormie, bien au contraire, elle avait les yeux grands ouverts - elle se sentait parfaitement apaisée, comme quand on sait que, pour un moment, il n'y aura plus à veiller ni à craindre.

    Depuis que la lumière était revenue une fois encore, ç'avait été facile et sans heurt. Elle avait mangé. Tous et toutes avaient mangé. Les petits qui se nourrissaient encore à leur mère avaient été réunis dans un creux de sable et d'herbe chaude, où les pierres étaient plutôt rondes que coupantes, sous la surveillance de celui qui marche lentement. Du premier instant de la nouvelle lumière à maintenant, ni les petits que surveillait celui qui marche lentement ni celui qui marche lentement que taquinaient les petits n'avaient crié et piaillé beaucoup (certaines fois, ils n'arrêtaient pas, et les mères étaient forcées d'accourir et on aurait presque pu croire que celui, couleur de terre, aux dents qui frappent passait par là). La chaleur était bonne. Dans leur trou, ils avaient tous somnolé.

    Les autres hardes qu'elle avait pu apercevoir jusqu'alors et dont les présences étaient parvenues à ses narines, n'étaient pas de celles qu'il est prudent de fuir. Elle avait juste vu ceux qui sautent et qui courent si vite, avec comme des branches sur la tête ; ils n'ont jamais fait de mal, tous ceux qui se souviennent le savent. Elle avait maintenant de longs souvenirs... moins, sans doute que celui qui marche lentement, mais néanmoins déjà beaucoup.

    Elle était la troisième et dernière femelle adulte du groupe - avant, quand elle était petite (voilà les choses dont elle se souvient), elle avait moins de force mais courait plus vite et sautait plus haut, comme ceux et celles de maintenant qui sont venus après elle. La troisième et dernière femelle, cela signifie que, d'abord, devant elle, il y a celle qui suit celui qui marche le plus vite, et celle qui ne voit qu'une fois. Elle les a toujours vues, et elles sont encore là. Il y en avait d'autres, mais qui se sont arrêtées de marcher à un moment, à un autre.

     

    Revue de presse

    Le Monde

    14 décembre 1990. Yvonne REBEYROL

    Le rêve de Lucy

    Un écrivain, Pierre Pelot, un dessinateur, Tanino Liberatore, et un scientifique, Yves Coppens, se sont glissés avec sympathie et bienveillance dans l'esprit de Lucy. Cela nous vaut le récit des quelques derniers jours de la courte vie de notre ancêtre. Un récit vraisemblable, émouvant et même tendre, très joliment illustré de dessins. Un récit où, bien sûr, ne figure jamais le célèbre prénom, où le nom des êtres et des choses est suggéré par de simples et subtiles métaphores.

     

    La Liberté de l'Est

    15 janvier 1991 (supp. La Liberté des livres). Raymond PERRIN

    Trois hommes et un destin

    Trois hommes se penchent sur le berceau de l'humanité avec un même dessein, celui de ressusciter, par la plume et le trait, notre plus lointaine cousine, Lucy, baptisée en 1974 sous les auspices des Beatles.

    De son squelette, retrouvé après trois millions d'années dans l'Afar éthiopien, nous ne connaissons que 52 fragments rassemblés avec patience par les paléontologues. Grâce à eux, on a pu imaginer pour elle une forme corporelle plausible, mais il restait à tenter l'étape la plus importante de la quête d'Isis lorsqu'elle a su redonner vie aux 14 morceaux éparpillés du corps de son époux, le dieu Osiris !

    C'est alors que se produit une rencontre qui tiendrait du prodige si elle n'était d'abord fondée sur la rigueur. Celle de "trois personnalités heureusement différentes". Le scientifique Yves Coppens, professeur au collège de France, l'un des "inventeurs" de cette Australopithèque sortant de sa gangue animale, le dessinateur de Ranxerox, Tanino Liberatore, et l'écrivain Pierre Pelot, ont uni leur talent pour imaginer ce destin.

    Alain Berestetsky, directeur de la Fondation 93, et Jean-Michel Morel, ont assuré le "va-et-vient" permanent entre la démarche littéraire et graphique et la vigilance scientifique.

    Ici plus que jamais, selon la formule gidienne, "l'art naît des contraintes", respectant les "informations scientifiques", les données de l'anthropologie, mais il dispose encore de libertés suffisantes pour que le trait s'organise, que la fiction se déploie en créant un genre nouveau : "le merveilleux scientifique".

    Le risque était grand et les difficultés nombreuses. Impossible de nommer les êtres, les repères spatiaux ou temporels, et le texte ne peut être, bien sûr, qu'un récit. Et pourtant, ou peut-être à cause de ces terribles exigences, les phrases déroulent leurs périodes lentement mûries. Naît alors une prose très poétique, souvent périphrastique, presque toujours envoûtante, constamment mélodieuse.

    Pierre Pelot, selon Yves Coppens lui-même, a su "inventer juste assez pour que l'ensemble soit agréable, original, coloré, sensible et beau".

    Des écrits antérieurs le préparaient à cette tâche. N'a-t-il pas décrit le premier regard d'un être humain qui s'éveille à la conscience du monde dans L'Enfant qui marchait sur le ciel ?

    Quand on voit dialoguer ou s'affronter, dans Les Légendes de Terre ou Le Pays des rivières sans nom, des êtres venus d'un monde hypermoderne et des humains frustres et primitifs, c'est à ces derniers que l'écrivain réserve le plus de tendresse.

    La petite Lucy, préhumain d'une harde qui se nourrit de baies et de racines, a déjà connu beaucoup d'épreuves, même si elle n'a qu'une vingtaine d'années. Elle rencontre un jour un autre groupe "d'une même habitude". Attisée par la curiosité et troublée, elle suit ces premiers hommes qui savent lancer les pierres, chasser "les dévoreurs aux dents qui frappent" et se nourrir de proies. L'un de ces "homo habilis" la remarque et c'est la naissance d'"une idylle d'une très grande pudeur", mais aussi d'un drame que l'écrivain de La Drave et de la rivière impitoyable peut mener au terme que l'on devine.

    Au-delà des gestes recréés, des mouvements minutieusement évoqués, ce qui soulève le plus l'admiration, c'est l'émergence ténue d'une conscience, c'est la naissance douce, à fleur de cœur, de l'émotion.

    S'il s'agit bien d'un roman, il faut pourtant laisser au scientifique Yves Coppens le soin de conclure. "Certains traits sont incontestables, certains comportements probables, la montée de la réflexion certaine, mais indémontrable", écrit-il dans la postface. "L'histoire est de toute façon belle et la Préhistoire ne la reniera pas".

    Pouvait-on imaginer hommage à la fois plus sobre et plus pertinent ?

     

    La Liberté de l'Est

    22 octobre 1997. Raymond PERRIN

    Pierre Pelot : come back puissance 4

    [...] Le Rêve de Lucy, cette plongée sous apnée, sans "translateur temporel", dans les temps les plus reculés de l'humanité, paraît également en poche.

     

    Page créée le jeudi 6 novembre 2003.