Biographie vosgienne

Yvan GOLL
 
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Dictionnaire des Vosgiens célèbres

GOLL (Isaac Lang, dit Yvan Goll), poète, écrivain

Saint-Dié, 29 mars 1891 - Neuilly-sur-Seine, 27 février 1950


Yvan Goll - Dessin au crayon par Robert Delaunay (musée de Saint-Dié). Isaac Lang est le fils unique d'Abraham Lang, fabricant de tissus originaire de Ribeauvillé (1851-1897), et de Rebecca Lazare, de Metz. A la mort du père, la mère retourne à Metz avec son fils auprès de ses parents.

Isaac fait ses études secondaires au lycée de Metz et ses études supérieures de droit à Strasbourg (1910-1911 et 1912-1913), Fribourg-en-Brisgau (1911), Munich (1911-1912). Docteur en droit en 1913, il se rend à Berlin et participe au mouvement expressionniste. En 1912 paraît son premier recueil de poèmes : Lothringische Volkslieder (sous le pseudonyme d'Iwan Lazang) et il collabore a la revue Aktion.

En juillet 1914, il se réfugie en Suisse pour échapper au service militaire allemand et il fréquente les pacifistes R. Rolland, Arp, Werfel. Il publie le Requiem pour les morts de l'Europe en 1916, dédié à Romain Rolland.

En 1917, il rencontre Claire Aischmann et vit avec elle. Le 1er novembre 1919, le couple quitte la Suisse pour Paris. Ils se marient le 21 juillet 1921. Ils sont liés aux écrivains et artistes dadaïstes et surréalistes, sont amis de Delaunay, Chagall, Malraux, Arp. En 1924 parait le N° 1 et unique de Surréalisme, revue qui consacre la brouille avec André Breton. Yvan est directeur pour la France de la maison d'édition suisse Rhein Verlag à laquelle il donne la version allemande de Ulysses, de Joyce.

Il écrit pour le théâtre des pièces qui sont publiées et montées en Allemagne : Mathusalem, Les Immortels, qu'il qualifie de surdrames et qui annoncent Ionesco. Il publie également plusieurs romans en France et en Allemagne : Le Microbe de l'or (1927), Sodome et Berlin (1929), Agnus Dei (1929) et, avec son épouse, des poésies rédigées en commun : Poèmes de la vie et de la mort (1927), Poèmes d'amour (1925), Poèmes de jalousie (1926). Dans les années 30, il donne Chansons malaises, écrites pour sa maîtresse, la poétesse allemande Paula Ludwig, et trois recueils de Jean Sans Terre.

Le 26 août 1939, Yvan et Claire Goll, israélites, quittent la France et s'installent à New York d'où ils ne reviennent qu'en 1947. Yvan y publie Chansons de France, lance la revue Hémisphères, dans laquelle il rassemble des textes d'écrivains français, américains et allemands (Saint John Perse, A. Breton, A. Césaire, W. Carlos William, K. Seligmann). Il fait imprimer quelques poèmes de Jean Sans Terre et Fruit from Saturn.

Atteint de leucémie, il décide de revenir mourir en France après un séjour en Gaspésie, au Canada (1946), séjour duquel naîtra le Mythe de la Roche Percée. A Paris, le couple s'installe au Palais d'Orsay, aujourd'hui musée d'Orsay. Intéressé par les kabbalistes, Goll écrit des poèmes inspirés de l'alchimie : Élégie d'Ipéthonga, Élégie de l'Atome. Ses derniers poèmes, écrits pour la plupart à l'hôpital de Strasbourg en langue allemande en 1948, paraissent après son décès sous le titre Herbe du Songe (Traumkraut, 1951).

Après un dernier voyage en Italie, au congrès des P.E.N. Clubs, il meurt à l'hôpital américain de Neuilly. Il est inhumé au cimetière parisien du Père Lachaise, en face de la tombe de Chopin. Sa veuve a légué à la bibliothèque de Saint-Dié les manuscrits français, les oeuvres publiées, la bibliothèque et le mobilier de la famille d'Yvan et d'elle-même.


Yvan Goll. Bibl. : Yvan Goll, Poètes d'aujourd'hui, N° 50, Paris : Seghers, 1951.
Dictionnaire de biographie française, publié sous la dir. de M. Prévot, Roman d'Amat, H. Tribout de Morambert, Paris : Letouzey (lettres A-H parues de 1928 à 1989), tome XVI, P. 521-523.
Yvan Goll, un poète, sa femme et ses artistes, catalogue exposition Saint-Dié, 1981.


[Albert Ronsin].