La Septième saison

 
 
 

Date et lieu

En 3096, sur la planète Larkioss…

Sujet

Larkioss… C'est la dernière planète. C'est l'unique chance de survie pour le genre humain, condamné à mort sur Terre-la-Desséchée, Terre-la-Maudite. Sur Terre que les hommes, à force d'inconscience, ont su tuer lentement.Il a fallu faire vite, pour évacuer la planète au complet, trouver dans le cosmos un autre monde susceptible d'accueillir le genre humain. On a trouvé Larkioss. Larkioss-la-Magnifique. Il a fallu faire vite, également, pour dresser sur cette Terre-II les structures d'une civilisation de survie. On a fait vite. Sans se soucier des conseils de prudence formulés par les peuples pensants de la galaxie. Sans se soucier des légendes… ni des peuples de Larkioss, parqués hâtivement dans de pitoyables réserves… Et quand vint la Septième Saison… (4ème de couverture, 1972).

La petite histoire... "J'ai transformé un scénario de western que j'avais en route pour en faire mon premier roman de science-fiction : La Septième saison" (Pierre Pelot, Dernières Nouvelles d'Alsace, 3 mai 1975). "C'était à l'origine un bouquin tout à fait ethnologique basé sur les Indiens Hopis" (Pierre Pelot, Horizons du fantastique, N° 35, septembre 1975).

Pourquoi ce pseudonyme de Pierre Suragne ? Le Fleuve Noir exigeait alors un pseudonyme exclusif pour entrer dans ses collections : l'Agne est le nom d'un ruisseau des environs de Saint-Maurice (sur-Agne)...

 

Éditions

Couverture de Gaston de Ste-Croix.

  • 1ère édition, 1972
  • Paris : Fleuve Noir, II/1972.
  • 18 cm, 233 p.
  • Illustration : [Gaston de Ste-Croix] (couverture).
  • (Anticipation ; 505).
  • Premier ouvrage édité sous le pseudonyme de : Pierre Suragne.
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    La Septième saison, 2° édition.

  • 2ème édition, 1977
  • Paris : Fleuve Noir, III/1977.
  • 18 cm, 222 p.
  • Illustration : Anonyme / Vloo (couverture).
  • (Super luxe Les Lendemains retrouvés ; 38).
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    Couverture de Vatine.

  • 3ème édition, 1989
  • Paris : Fleuve Noir, juin 1989 [impr. 05/1989].
  • 18 cm, 217 p.
  • Illustration : Vatine (couverture).
  • (Anticipation ; 1698).
  • ISBN : 2-265-04141-6.
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    Première page

    De mai à juin, en cette année 3096, les troupes civiles des commandos "Survie" avaient organisé le dernier rassemblement. De mai à juin. Un mois terrestre, simplement. Suivant un réseau-quadrillage très serré, ils avaient parcouru la planète, à bord de leurs plates-formes rasantes équipées de détecteurs d'ondes biologiques, repérant infailliblement toute trace de vie humaine dans les déserts, les magmas putrides des anciennes jungles. Un mois, pour inventorier, cloisonner, repérer. Sur ces données, la chasse s'était ouverte, menée par d'autres commandos Survie.

    La chasse, il n'y avait pas d'autre mot pour qualifier le travail de ces hommes lancés dans la brousse molle, armés de projecteurs paralysants.

    A présent, la chasse était finie. Elle s'était déroulée sans accidents graves - des flèches perdues avaient blessé quelques membres des commandos, mais sans gravité ; il n'y avait eu aucune mort d'homme.

    A présent, le "gibier" était parqué, sagement endormi dans le ventre de l'énorme vaisseau spatial Gordanm, qui se dressait, masse formidable et grise, sur l'aire d'envol africaine.

    C'était un soir, un soir de juin 3096. C'était aussi la fin de cette ère de l'exode qui durait depuis deux siècles terrestres. Le dernier jour, le dernier voyage.

     

    Revue de presse

    Fiction

    N° 281, septembre 1972

    La Septième saison de Pierre Suragne (encore un nouvel auteur surgi dans le couvent du Fleuve Noir) est un de ces romans vigoureux que la collection Anticipation accepte depuis peu dans son sein. Vigoureux et, pourrait-on dire (au risque de le desservir auprès d'une certaine catégorie de lecteurs), "engagé". Non qu'il s'agisse là d'un ouvrage politique : au Fleuve, nous n'en sommes pas encore là... Cependant le sujet de La Septième saison est formé par la réunion de deux thèmes très actuels : la pollution et le colonialisme, considérés comme deux pièces à mettre au dossier d'accusation de la race humaine.

    En 3096, les derniers Terriens quittent une Terre ravagée par la pollution. "La Terre est morte. Pourrie, sèche, empoisonnée. Par les guerres et notre façon de vivre en temps de paix, je sais. Les arbres meurent, avec la végétation. Les mers meurent, la terre meurt. Je sais : nous avons parfaitement su tuer à petit feu notre vieux globe" (p. 41). L'émigration vers Larkioss, monde terrestroïde situé dans une autre constellation, a débuté 200 ans auparavant. Et une civilisation semblable à celle de la Terre a déjà été édifiée sur ce nouveau monde, qui ne présentait qu'un ennui : il était déjà habité par une race humanoïde, primitive et pacifique. Problème vite résolu : "Nous les avons massacrés, net. Au laser et à la bombe bactériologique. Ils étaient trop nombreux, sur leur planète si belle. Et ils n'avaient même pas inventé les armes. Nous, là-bas, sur notre vieille Terre pourrissante, nous étions prêts à crever lentement, nous enfantions des monstres, nous nous cassions la gueule rituellement à coups de bombes N. C'était trop beau, non ? Cette sœur jumelle de la Terre peuplée d'imbéciles sans lois, sans régime social précis, sans armes, sans gaz et électricité, sans rien. Et puis, ces Larkossiens, était-ce même des hommes, après tout ? N'était-ce pas, plutôt, de pâles animaux, à peine doués d'un curieux instinct ?" (p. 43).

    En 3096, la plupart des Larkiossiens survivants se sont intégrés et travaillent dans les usines terriennes, tandis que quelques milliers d'irréductibles se terrent dans des "réserves" souterraines, où ils survivent péniblement en conservant leurs coutumes et leurs croyances, ces dernières étant retransmises oralement par les anciens aux jeunes générations (ce qui nous vaut, sous la plume de Suragne, de fort jolies pages consacrées au récit de la "Bible" larkiossienne)

    L'essentiel du roman est cependant consacré à la révolte de la planète elle-même qui, véritable entité cosmique réveillée par l'esprit collectif des Larkiossiens (ils sont télépathes), broie les cités terriennes sous un véritable rouleau compresseur de boue vivante qui laisse derrière lui des prairies et des forêts à la place des villes de béton et de métal. La majeure partie des envahisseurs meurent, sauf certains qui, parce qu'ils étaient des esprits purs secrètement dégoûtés par la cruauté de leurs concitoyens, se transforment en Larkiossiens à part entière, "au corps blanc et à la chevelure flamboyante".

    On voit que, comme il y a quelques mois Jacques Hoven dans Adieu Céred, Pierre Suragne choisit délibérément de nous montrer les humains comme des "méchants". Il n'est pas question, je le répète une fois encore, de louer un ouvrage sur ses seules intentions. Mais il me semble utile de signaler cette mutation qui s'opère au Fleuve Noir par l'admission dans la famille de nouveaux auteurs à l'esprit moderne et au talent contestataire. C'est là le signe d'un mûrissement, d'un passage à l'âge adulte, dont beaucoup de lecteurs français refusent encore de créditer la collection Anticipation.

    Pour en revenir à La Septième saison, il est bon d'ajouter que ce dernier ouvrage est très correctement écrit, et bien découpé en trois actions parallèles qui nous permettent de suivre la tragédie planétaire selon trois points de vue : celui des Larkiossiens, grâce à Niaok, un enfant à la fois "mort et vivant" qui sert de catalyseur aux forces obscures de Larkioss ; celui des dirigeants terriens avec Sien Muol, chef des armées d'occupation; celui des hommes purs enfin, avec Nolis, médecin qui se dévoue à soigner les mutants consécutifs au carnage atomique perpétré autrefois par ses frères de race et qui, bravant les interdits, aime une Larkiossienne, dont il fait sa compagne une fois touché par la transmutation finale.

    Ce roman tragique, mais aussi tonique et généreux, fait parfois penser à Stefan Wul (par l'ampleur de la vision) et parfois à Barjavel (à cause de son humanisme pessimiste), Barjavel à qui il est fait allusion à propos d'Elea et Païkan, les deux héros de La Nuit des temps qui, en 3096, sont aussi célèbres que Romeo et Juliette ! Sans doute Pierre Suragne ne possède-t-il pas la maîtrise de ses deux aînés, mais voilà un nom dont il faudra surveiller attentivement l'apparition sur les couvertures de la collection Anticipation.

     

    L'Année 1977-1978 de la Science-Fiction et du Fantastique

    D.G., p. 217

    L'histoire : Fuyant leur planète contaminée et épuisée, les Terriens ont débarqué sur Larkioss et refoulé l'ancien peuple dans des réserves souterraines. Mais la septième saison est proche et la planète va s'unir à son peuple pour rejeter l'envahisseur.

    A notre avis : Du grand Suragne, qui n'a rien à envier aux meilleurs romans signés Pelot. C'est avec ce roman que l'auteur a fait son entrée au Fleuve Noir, un roman à l'écriture simple et belle où l'on retrouve tous les thèmes chers à l'auteur.

     

    La Liberté de l'Est

    14 février 1995. Raymond PERRIN

    Pierre Pelot : un maître reconnu de la science-fiction et du fantastique français

    [...] Une autre planète ou les racines retrouvées

    Plusieurs romans utilisent le voyage d'une planète souillée ou dominatrice ou parvenue à un très haut degré de technicité vers la vision panthéiste d'un monde où la nature, alliée des plus faibles ou de ceux qui lui sont demeurés fidèles, intervient.

    Quand vient La Septième saison, la nature complice retourne à l'état primitif et s'unit au peuple spolié pour la décolonisation en marche... [...]

     

    Page créée le dimanche 12 octobre 2003.