Liliane et son odyssée

 
  • Éric Verteuil
  • 1977 | 8ème roman publié
  • Policier |
 

Date et lieu

Au milieu des années 1970, à Remiremont (Vosges).

Sujet

Lorsque Liliane quitte Nancy pour les Vosges afin d'y retrouver Rémy, elle ne se doute pas qu'il s'agit là d'une véritable odyssée et qu'elle va être accusée de meurtre ! Au cours d'aventures pleines de rebondissements, elle aura à faire face à des personnages qui ne vont pas la ménager : une vieille dame pittoresque et autoritaire ; une femme qui a le tort de choisir ses amants dans la même famille ;

un industriel qui possède une armoire pleine de poisons et recherche les jeunes collégiennes ; une épouse qui, en faisant ses comptes, songe à commettre un meurtre qui lui rapportera beaucoup ; ... et la victime ! Liliane se demande si elle parviendra à se tirer du piège diabolique dans lequel elle est tombée (4ème de couverture, 1977).

La petite histoire... Alain Bernier connaît bien Remiremont où il a passé une partie de sa jeunesse.

 

Éditions

Couverture de Michel Gourdon.

  • 1ère édition, 1977
  • Paris : Fleuve Noir, I/1977.
  • 18 cm, 219 p.
  • Illustration : Michel Gourdon (couverture).
  • (Spécial police ; 1323).
  • ISBN : 2-265-00304-2.
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    Première page

    Lydie Mougenot-Colin pénètre dans la poissonnerie, passe devant Claire, l'employée des Verlier, répond à son salut avec condescendance - il faut bien être sociable - et regarde l'étal en plissant les yeux. Grande, les traits anguleux, les cheveux gris tirés en bandeaux, elle ne paraît pas ses soixante-quinze ans

    - A qui le tour ? demande la commerçante tout en rangeant ses pièces de monnaie.

    - A moi, dit Claire.

    Surprise, Lydie Mougenot-Colin se retourne, puis lance d'une voix sèche :

    - Je voudrais une belle sole.

    Décidément, les gens n'ont plus le sens des valeurs, cette petite sotte qui est domestique chez sa nièce n'a aucune idée de ce qu'est le rang social.

    - J'ai ce qu'il vous faut, madame.

    Et se tournant vers Claire elle ajoute :

    - Mon mari va vous servir.

    Lydie regarde la sole, se penche pour la sentir, la fait peser et en choisit une autre plus petite.

    - Et avec ceci ?

    - Un merlan pour la bonne.

    La poissonnière regarde de tous les cotés, ouvre la chambre froide et annonce :

    - Je suis désolée, on m'en a livré très peu ce matin et ils sont tous vendus ; il ne m'en reste qu'un mais il est d'avant-hier et…

    Lydie lui coupe la parole.

    - C'est parfait.

    Elle paye sort et marche à grands pas vers la rue de la Paltrée. Elle se rappelle avec nostalgie son enfance lorsque, petite fille, elle accompagnait sa mère dans les boutiques ou à l'église et que les gens les saluaient en descendant du trottoir pour les laisser passer.

    - Alors grand-mère, tu te pousses, crie un jeune garçon en la bousculant.

    Elle a envie de lui assener un coup de parapluie sur le crâne mais elle s'en abstient. D'abord il vient d'être recouvert, ensuite une femme du monde ne se bat pas dans la rue.

    Remiremont a bien changé ! Cette petite ville des Vosges qui, à ses yeux, a toujours été le symbole de la bonne éducation bourgeoise et des traditions, se perd.

    - Sodome et Gomorrhe, murmure-t-elle en se retournant sur un garçon aux cheveux longs qui hausse les épaules.

    Rue de la Paltrée, elle pénètre dans sa propriété par la petite entrée située à côté du portail et traverse la cour d'honneur. A droite, les écuries et le garage vide depuis son veuvage ; à gauche, un long massif de rhododendrons dominé par une colonne de style romain érigée par son grand-père qui aimait les antiquités à condition qu'elles fussent neuves ! Devant la maison, datant de la seconde moitié du XVIII° siècle, elle appelle d'une voix forte :

    - Hortense !

    Hortense Billeau, qui à l'âge de la patronne, a toujours servi Lydie et ses parents qui l'ont exploitée en la persuadant qu'elle faisait partie de la famille.

    - Hortense !

    La voix de stentor retentit une deuxième fois et la vielle domestique apparaît en sautillant d'un pied sur l'autre. Chez elle tout est rond : la taille, les yeux, les joues, le chignon.

    - Voilà, voilà…

     

    Revue de presse

    La Liberté de l'Est

    27 mars 1977. Alain THOUVENOT

    Le dernier roman policier d'Éric Verteuil

    Liliane et son odyssée, une histoire romarimontaine

    Lydie Mougenot-Colin, 75 ans, demeure rue de la Paltrée à Remiremont. Cette alerte septuagénaire, riche, autoritaire, vit seule avec sa servante Hortense, dans la grande maison familiale qui date de la seconde moitié du XVIII° siècle. Les seules visites qu'elle reçoive sont celles de sa nièce Françoise, la cinquantaine, mariée à un industriel textile Henri Verlier. Tous deux habitent rue Jules-Méline.

    L'entreprise textile d'Henri Verlier connaît de graves difficultés : elle est touchée par la crise qui secoue le textile. La trésorerie est exsangue et les banques ne veulent plus prêter d'argent frais... On pense bien à Lydie Mougenot-Colin comme bailleur de fonds - elle possède une fortune personnelle assez conséquente -, mais cette dernière reste sourde et insensible à tous les appels.

    Dans l'esprit de Henri et de Françoise germe une idée diabolique : sans que l'un et l'autre se soient concertés, sans savoir qu'ils ont la même pensée, ils décident d'empoisonner la tante, cardiaque de surcroît, et de faire croire à une mort naturelle.

    Tel est le thème du roman policier que vient de publier Éric Verteuil, Liliane et son odyssée.

    D'autres personnages entrent en lice : Rose Morland, ancienne maîtresse d'Henri ; Rémi Colin, frère de Françoise, célibataire endurci dont les conquêtes féminines ne se comptent plus, et son amie Liliane Herblay, de Nancy. Tous ces protagonistes ont de bonnes raisons pour tuer discrètement la tante à héritage...

    Lorsque Liliane quitte Nancy pour les Vosges, afin d'y retrouver Rémi, elle ne se doute pas qu'il s'agit là d'une véritable odyssée et qu'elle va être accusée de meurtre. Liliane se demande si elle parviendra à se tirer du piège diabolique dans lequel elle est tombée !

    Ne comptez pas sur nous pour vous dévoiler la fin - surprenante - de ce roman policier. La conclusion est bien évidemment inattendue, l'intrigue ficelée d'une manière diabolique : le suspense est garanti jusqu'à la dernière ligne.

    Éric Verteuil connaît particulièrement bien Remiremont : cela se sent en lisant ce bouquin. Quand nous vous aurons dit que sous ce pseudonyme se cachent deux auteurs, Alain Bernier et Roger Maridat, qu'Alain Bernier a de solides attaches vosgiennes (sa mère était Romarimontaine), qu'il a passé toutes ses vacances de jeunesse dans la maison familiale... de la rue de la Paltrée à Remiremont, vous saurez tout !

    Alors, pas étonnant que la description de la ville, du lieu de l'action et des vieux Romarimontains soit parfaite ! L'auteur connaît bien son sujet... Et pour cause !

     

    Page créée le dimanche 7 décembre 2003.