La Belle au bras d'Armand

 
  • Éric Verteuil
  • 1978 | 12ème roman publié
  • Policier |
 

Date et lieu

Fin des années 1970, à Paris et Barbizon.

Sujet

Armand a l'impression d'être au creux d'une vague... Pourquoi la victime qu'il connaissait à peine est-elle venue chez lui pour s'y faire assassiner ? Pourquoi avait-elle tout fait pour l'éloigner ?

Pourquoi lui avait-elle parlé de son mari alors qu'elle était veuve ? Et enfin comment avait-elle eu la clef de l'appartement ? Tout ce qu'Armand a raconté à la police est faux... et pourtant c'est la vérité ! (4ème de couverture, 1978).

 

Éditions

Couverture de Thierry Secretan.

  • 1ère édition, 1978
  • Paris : Fleuve Noir, IV/1978.
  • 18 cm, 219 p.
  • Illustrations : Thierry Secretan (couverture).
  • (Spécial police ; 1446).
  • ISBN : 2-265-00807-9.
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    Première page

    Régulièrement, à l'heure du déjeuner, Charlotte Dufurat pousse un long soupir car sa balance lui interdit de suivre ses collègues à la cantine.

    Régulièrement, Renée Lechêne, qui partage le même bureau, lui propose avec insistance de l'accompagner.

    Ce jour-là, la réponse fut plus vive que d'habitude :

    - Non ! non et non !

    - Pourtant tu m'as dit que tu avais maigri d'un kilo.

    - Tu sais bien que je veux en perdre quatre !

    Renée, anguleuse, ridée et insatisfaite, ne manque jamais une occasion de lancer des rosseries.

    - Voilà ce qui arrive quand on prend un amant dont on pourrait être la mère !

    Charlotte repousse la rame de papier blanc et se redresse furieuse.

    - J'ai trente huit ans et…

    - Trente neuf la semaine prochaine.

    - Et Armand vingt sept.

    - Non, vingt quatre, c'est toi qui me l'as dit le jour où tu l'as rencontré.

    A bout d'arguments, Charlotte hausse les épaules et sort de son sac un sachet contenant l'unique œuf dur qui va lui servir de repas.

    Renée remue les lèvres comme si elle calculait et lance, vipérine :

    - Une fois de plus j'ai raison. Il y a quinze ans de différence entre vous, et comme c'est à quinze ans que tu as eu ta première aventure…

    Aimant avoir le dernier mot, elle sort aussitôt, après avoir souhaité d'un air ironique bon appétit à Charlotte. Celle-ci casse rageusement la coquille et avale l'œuf si vite qu'elle s'en étrangle presque. Ensuite, elle se lève, se regarde dans le miroir pendu derrière la porte du placard et fait bouffer ses cheveux blonds soigneusement décolorés. Elle n'a pas de rides, mais un cou légèrement empâté, ce qui la pousse à rejeter souvent la tête en arrière ; comme elle a de belles dents blanches, elle sourit à la moindre occasion et ouvre largement la bouche pour parler. Elle a de l'allure, de l'abattage et ses yeux pailletés la font paraître plus vive qu'elle n'est en réalité.

    Depuis qu'elle connaît Armand Autournel, elle a changé de style de vie, abandonnant les romans-photos, les feuilletons de la télévision, les sorties avec les jeunes cadres célibataires à la recherche d'une aventure. Maintenant, elle discute des nouveaux philosophes, condamne Wagner le réactionnaire, collectionne les bandes dessinées, rentre le ventre, ne regarde plus les hommes et apprécie les films de Marguerite Duras.

    La plupart du temps, Armand ne partage pas ses jugements mais, même au risque de le contrarier, elle croit habile d'afficher des attitudes ou de tenir des propos qu'elle estime être ceux des jeunes. Ne cherche-t-elle pas à entraîner Armand dans une discothèque "géniale" ou un bistrot "sublime" après la dernière séance d'un film "superbe" alors qu'elle se lève à sept heures tous les matins ? Ne le pousse-t-elle pas à participer à des meetings anti-nucléaires "extra" ou à des concerts punks "divins" ? Elle se sent fatiguée, mais elle n'ose pas changer d'attitude. Elle tient à lui comme elle n'a jamais tenu à aucun homme et se sent capable de faire n'importe quoi pour le conserver.

     

    Revue de presse

    L'Almanach du crime 1980

    L'année du roman policier, page 307. Michel LEBRUN

    Cet auteur bicéphale s'est fait une spécialité des titres "à-peu-près", titres qui cadrent généralement avec la suprême décontraction des intrigues et protagonistes. Ici, la brave Charlotte soupçonne Armand de la tromper. Lequel Armand trouvera peu après une femme assassinée chez lui. Alors le commissaire Varlet entre dans la danse. Une intrigue légère comme une comédie.

     

    Page créée le dimanche 7 décembre 2003.