Grillades au feu de bois

 
  • Éric Verteuil
  • 1988 | 22ème roman publié
  • Horreur |
 

Date et lieu

A la fin des années 1980, quelque part en France...

Sujet

Les convives apprécièrent l'entaille dans le ventre, les mains couvertes de sang qui arrachaient les viscères, les intestins qui se vidaient dans un récipient. Quand cette opération fut terminée,

Serge assaisonna la cervelle, la saupoudra de menus morceaux de truffes, l'introduisit avec précaution dans le ventre et recousit l'ouverture (4ème de couverture, 1988).

La petite histoire... La couverture, fautive, attribue ce roman à Éric Verneuil. La page de titre corrige.

 

Éditions

Couverture de Dugévoy.

  • 1ère édition, 1988
  • Paris : Fleuve Noir, avril 1988 [impr. : 03/1988].
  • 18 cm, 153 p.
  • Illustration : Dugévoy (couverture).
  • (Gore ; 68).
  • ISBN : 2-265-03787-7.
  •  

    Première page

    Le maire se leva pour prononcer quelques mots ; ce n'était pas un orateur, on pouvait s'en rendre compte à son regard traqué, à la manière qu'il avait de se balancer d'un pied sur l'autre. Ses phrases se bousculaient, s'accrochaient, restaient en panne.

    Pourtant il lisait son texte !

    - … Notre belle commune, petite mais vivace, est l'honneur de notre beau pays. Ici, les enfants ont de magnifiques installations sportives, les vieillards sont choyés, honorés, respectés. Notre village s'étale dans un écrin de fleurs.

    Il posa son papier, essuya avec son mouchoir les gouttes de sueur qui perlaient sur son front avant de lancer la grande envolée apprise par cœur :

    - Tous ces bonheurs, mes chers amis, nous les devons à notre bonne fée, Mme Laura Barthel qui…

    Un tonnerre d'applaudissements interrompit sa tirade, et il reprit avec émotion :

    - Qui donne tant pour nos œuvres et quand je dis tant, c'est tant d'argent et tant de dévouement.

    Laura Barthel salua, très émue. C'était une jeune femme ravissante, aux formes potelées mais à la taille fine ; elle était blonde, ses cheveux coupés court encadraient un visage rieur un peu enfantin avec une fossette au menton et des yeux bleus limpides. Elle était si charmante qu'elle recueillait tous les suffrages aussi bien des hommes que des femmes.

    Les Barthel s'étaient installés dans la région depuis deux ans ; ils avaient acheté une immense propriété dont les hauts murs entouraient des bois et un étang. Quand Serge Barthel ne s'occupait pas de ses affaires, il consacrait une grande partie de son temps à la culture des roses. Laura, elle, faisait du sport, travaillait beaucoup dans son intérieur et s'intéressait encore plus aux œuvres.

    Le premier adjoint, jeune et beau, le deuxième adjoint, moins jeune et plus beau, avaient tenté leur chance auprès de Laura. Avec un sourire exquis, elle leur avait fait comprendre qu'elle était une femme fidèle et qu'ils perdaient leur temps. D'autres, dans la commune, avaient essayé de la séduire… en vain.

    Elle était si diplomate que personne ne lui en voulait.

    Elle remercia le maire en soulignant qu'elle n'avait aucun mérite, car elle considérait tous les habitants comme des membres de sa famille. Ce fut du délire et le conseiller municipal qui remplissait les coupes était si ému qu'il versa du champagne sur une plante verte.

    Après avoir embrassé chaque invité trois fois de suite, Laura voulut prendre congé mais la municipalité lui avait réservé une surprise. C'était un cadeau, un tableau peint par la femme du maire elle-même et représentant un bouquet de fleurs.

    - Vous pourrez l'avoir en permanence dans votre salon puisqu'il ne se fanera jamais !

    "Quelle horreur", pensa Laura qui s'exclama :

    - C'est une merveilleuse œuvre d'art !

    Elle imagina la toile entre le Dürer et le primitif flamand qu'elle venait d'acquérir. Il n'y avait pas d'hésitation, sa place était au grenier.

     

    Épigraphe

    L'anthropophagie et la fraternité sont les deux extrêmes de l'évolution économique (Proudhon, 1809-1865).

     

    Revue de presse

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    Les Livres

    Éric Verteuil - alias nos Sociétaires Alain Bernier & Roger Maridat - sortent un nouvel ouvrage d'humour noir et grinçant : Grillades au feu de bois. Une histoire de restaurant cannibale tirée d'un fait réel survenu aux USA... ! Good Lock,... Verteuil's brothers !

     

    Nice Matin

    ?, Jean-Marc TARDY

    Kiosque

    Éric Verteuil récidive dans un genre qui soulève le cœur des plus sensibles, le "gore", alliance de (très) mauvais goût entre la violence, l'horreur et la sexualité. Cet auteur (pseudonyme unique pour deux écrivains - Alain Bernier et Roger Maridat - qui passent tous leurs été à Èze) que les amateurs de polars connaissent bien, a opéré une reconversion d'autant plus surprenante que l'un et l'autre ne supportent pas la vue du sang. "Ce n'est pas définitif, assurent-ils tous les deux, mais on s'amuse beaucoup en écrivant".

    Résultat : un nouveau roman (Grillades au feu de bois) très français où la gastronomie occupe une place de choix. Un couple de restaurateurs branché sur la viande fraîche doit faire face à une panne d'électricité : plus possible de mijoter des plats en sauce à base de chair humaine. Il faut se résoudre à simplifier les menus et proposer des grillades. La suite est à l'avenant : les amateurs de bonne cuisine y trouveront des recettes toutes simples, les personnes maltraitées par leurs voisins y puiseront quelques idées pour s'en débarrasser et ceux qui ont de l'humour apprécieront les clins d'œil de l'auteur.

    Car Éric Verteuil fonctionne aussi bien au premier qu'au second degré. Une raison essentielle pour le préférer aux concurrents qui sévissent dans le même créneau.

     

    Page créée le lundi 8 décembre 2003.