Sécession bis

 
 
 

Date et lieu

Fin décembre 1996, entre Mississipi et Missouri...

Sujet

La décision fut prise à Washington. Les forces armées nationales prirent position le long du Front, de la ligne qui suivait un tracé plus ou moins sûr entre les territoires jugés d'ores et déjà contaminés et ceux qu'ils espéraient ne pas l'être encore…

On avait décidé pour eux ce qu'ils appelaient "sécession". Le terme juste était plutôt "blocus", ou "quarantaine". (4ème de couverture, 1987).

 

Éditions

Couverture de Richard Clifton-Dey.

  • 1ère édition, 1987
  • Paris : Fleuve Noir, août 1987 [impr. : 07/1987].
  • 18 cm, 188 p.
  • Illustration : Richard Clifton-Dey / Vloo, Young Artists (couverture).
  • (Anticipation ; 1565).
  • ISBN : 2-265-03654-4.
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    Première page

    On prétend que l'histoire se répète, dit l'homme après avoir glisser sur son cou cette espèce d'entonnoir de cuir et de métal qui formait la base de son masque, en un geste rappelant celui d'un footballeur émergeant de son protège-face ; il conviendrait peut-être de dire plus exactement qu'Elle bégaie.

    Cette fois, la ligne de partage (comme on disait : La Ligne, ou Le Front, ou La Démarcation) suivant le cours du Potomac jusqu'à la frontière entre les États de Pennsylvanie et de Virginie Occidentale, puis le fleuve Ohio sur toute la longueur de son trajet jusqu'à son point de jonction avec le Mississippi, elle remontait celui-ci pour, coupant l'État homonyme en deux, suivre le Missouri, redescendait plein sud le long de la frontière d'État, celle de l'Arkansas aussi, et finissait par englober le Texas. Ce qui faisait deux États et demi de plus pour ce vieux sud une fois encore transformé non seulement en pays ennemi mais, pratiquement en ghetto. Ou peut-être quatre États et demi : la situation du petit Maryland tout entier se confondait avec celle des régions frontalières nordistes, une large bande de territoires transformés en quelque chose de confus qui n'appartenait plus à rien de précis - c'est-à-dire ni le Nord ni le Sud -, sinon l'armée.

    Cette fois, en ce mois de décembre 1996, nul général Beauregard pour tirer sur quelque Fort Sumter le premier coup de canon qui offrirait au Nord l'occasion de prétendre la guerre déclarée. Pas davantage de combats, de rencontre entre deux armées ; pas de Bull Run qui eût permis au Sud de crier victoire.

    C'était bien différent. Sécession bis, peut-être, mais sécession forcée, imposée. En vérité, le terme était impropre, car ils n'en avaient rien décidé de leur plein gré - ni les représentants politiques des États, ni le peuple : et même, un certain nombre de gouverneurs se trouvaient dans le Nord quand la chose fut déclarée, un certain nombre de natifs et de personnages importants aussi, et ils y restèrent… pour beaucoup avec leur famille, comme par hasard : s'ils avaient manifesté l'intention de rejoindre leurs quartiers résidentiels de Georgie, Caroline, Mississippi, Louisiane, etc.…., nul doute qu'on leur eût interdit, mais ils n'en manifestèrent pas l'intention…

    La décision fut prise à Washington. L'ordre donné exécuté dans les heures qui suivirent, les forces armées nationales prenant position le long du Front, de La Ligne qui suivait un tracé plus ou moins arbitraire, plus ou moins sûr, entre les territoires jugés d'ores et déjà contaminés et ceux qu'on espérait ne pas l'être encore, bien que sur ce point, le terrible doute, l'incertitude la plus complète, contaminaient par contre aussi bien les assiégeants ( ou les "protégés") que les assiégés (ou "pestiférés"), avec une simple différence de texture dans ce doute et cette incertitude tissés comme un vaste filet tendu sur tout le pays : au nord, ce n'était que de la peur, au sud du ressentiment, comme un levain vengeur et empoisonné, qui transformait l'hypothèse de la contamination généralisée en conviction amère et désespérée.

    Revue de presse

    Fiction

    N° 391, novembre 1987. Éric SANVOISIN

    On ne résume pas en quelques lignes, en quelques mots, ces événements qui se succédèrent depuis le mois d'août 1996... : ainsi débute Sécession Bis, roman que l'on peut justement résumer en quelques lignes, en quelques mots.

    Non, la guerre de Sécession ne recommence pas. Ça n'est pas ça. C'est autre chose, disons une mise en quarantaine du Sud où sévit un mystérieux virus. Un virus venu du Nord, probablement... Dans ces cas-là, renaissent les haines et s'installe le désordre. Tony Burden qui est en partie responsable de tout ça se balade dans ce chaos avec nonchalance, mais ne vous fiez pas à son calme ; il est en réalité habité par le souci de se venger de Morgansen, ce salaud qui menait des expériences sur Tony et ses semblables quand il était encore au Home des Vétérans d'Ozark. Suite au prochain Fleuve Noir...

    Il n'y a pas grand chose dans ce roman, peu de substance, peu d'idées. Enfin, il n'y a pas grand chose, c'est vite dit. En fait, il y a le style de Pelot et ça fait toute la différence. On a l'impression que Pelot écrit comme il respire. Ça vient tout seul, malgré lui, c'est vital, c'est douloureux. S'il s'arrêtait d'écrire tout à coup, de noircir des romans, des romans noirs, parfois gris foncé, il mourrait. Comme s'il s'arrêtait de respirer. Comme si son cœur cessait de battre la chamade pour se reposer définitivement. C'est difficile à expliquer. J'ai senti ça. J'ai pas de preuves.

    Le style de Pelot n'est pas facile, il a l'air simple comme ça, vu de loin, mais il est plein de virages, de parenthèses, de distorsions. L'histoire se révèle directe, rectiligne. Mais le style, lui, c'est tout le contraire. Le contraste est saisissant, Ce contraste, c'est Pelot.

    En disant ça, j'ai tout dit.

     

    Page créée le mercredi 5 novembre 2003.