Le Sommeil du chien

 
 
  • Pierre Pelot
  • 1978 | 77ème roman publié
  • SF
 

Date et lieu

Dans le Cratère, non loin du Village du Bord. Ou alors à Saint-Maurice-sur-Moselle.... En 1978, ou alors dans un temps et un univers parallèles...

Sujet

Malgré une production véritablement accélérée, chaque nouveau roman de Pierre Pelot continue de nous étonner. Le Sommeil du chien, c'est quelque chose de jamais vu dans la science-fiction. Un type coincé par son boulot d'écrivain, dans une espèce de Réserve campagnarde, sans aucun contact avec le Dehors, la Ville, les gens. Dans sa tête, il s'en passe de drôles. On lui parle, on le surveille, on le commande. Ca fait mal à l'intérieur. Jusqu'à la folie. Mais ce qu'il découvrira derrière le sommeil du chien le bouleversera encore plus. Ce livre de Pierre Pelot n'aura sûrement aucun prix, puisqu'il les a tous raflés l'année dernière. Tant pis. (4ème de couverture, 1978).

Ron Dublin, le raconteur, vit seul au fond de son cratère. Seul avec sa femme, son petit garçon et ses cinq chats. Et avec Poo Goom, son chien. Il écrit des histoires avec la machine à raconter ; il les poste ; plus tard, il reçoit de l'argent et des exemplaires imprimés. Pas une lettre de lecteur. Alors il doute. Sa femme est-elle toujours sa femme ? Ne s'est-elle pas réincarnée dans Cygnée Siudmak, cette créature fantomatique au fond de son marécage ? Et Poo Goom n'est-il que son chien ? N'est-il pas porteur d'un message venu d'ailleurs ? Renouvelant le thème des univers parallèles, Pelot imagine un monde si proche du nôtre qu'on pourrait les confondre. Il écrit là son livre le plus personnel, à mi-chemin de la chronique intimiste et de l'autobiographie fantastique. (4ème de couverture, 1983).

 

Éditions

Couverture de Silly + Véronik.

  • 1ère édition, 1978
  • [Yverdon, Suisse] : Kesselring, 1978 [impr. : 12/1978].
  • 22 cm, 199 p.
  • Illustration : Silly + Véronik (couverture).
  • Préface de Muriel Favarel.
  • Entretien et dossier de presse coordonnés par Bernard Blanc.
  • (Ici et maintenant). Collection dirigée par Bernard Blanc.
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    Couverture de Wojtek Siudmak.

  • 2ème édition, revue et corrigée, 1983
  • Paris : Presses Pocket, août 1983 [impr. : 10/1983].
  • 18 cm, 219 p.
  • Illustration : Wojtek Siudmak (couverture).
  • (Science-Fiction ; 5166).
  • ISBN : 2-266-01293-2.
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  • 3ème édition, 2014
  • Paris : éditions Bragelonne, 17 février 2014.
  • (Bragelonne Classic).
  • Livre numérique.
  • 202 p.
  • ISBN : 978-2-8205-1415-8.
  • Ron Dublin est raconteur d’histoires. Il vit seul avec sa femme, son petit garçon, cinq chats et son chien. Mais petit à petit, il commence à douter de la réalité de ce qui l’entoure : pourquoi ne reçoit-il jamais de lettres de lecteurs, par exemple ? Sa femme est-elle une personne réelle, et non un simulacre que les gens du Dehors lui auraient envoyé ? Tandis qu’il semble entrer en télépathie avec son chien, la paranoïa grandit dans la tête d’un personnage dont le monde ressemble si étrangement au nôtre...
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    Première page de la seconde édition

    Ron Dublin

    Ce n'était pas son véritable nom - longtemps, bien longtemps auparavant, dans le Village du Bord, il s'était appelé... mais ce n'avait guère d'importance. Il vivait sous l'étiquette RON DUBLIN. A peine s'il se souvenait parfois de l'autre nom. Pourquoi s'en serait-il souvenu ? Il était Ron Dublin, le raconteur.

    Les miroirs qu'il rencontrait de temps à autre sur son chemin, par hasard, dans la maison, lui renvoyaient immanquablement une image connue à laquelle il ne prêtait plus guère d'attention. Un visage osseux, le teint grisâtre (peut-être parce qu'il se tenait plus volontiers à l'intérieur ; de toute façon, quand il sortait, il prenait toujours la précaution de se coiffer d'un large chapeau qui le protégeait du soleil... et puis il n'y avait jamais véritablement beaucoup de soleil). Ses cheveux étaient coupés mi-longs - c'est-à-dire qu'en tirant sur les plus grandes mèches leur extrémité touchait ses épaules - et ils bouclaient modestement ; leur couleur était brune, ou châtain, avec parfois des reflets rougeoyants : cela dépendait de la lumière. Il ne les coiffait presque jamais, mais passait fréquemment ses mains aux doigts largement ouverts dans la tignasse, surtout quand il réfléchissait à quelque chose, à la suite de quoi il essuyait ses mains sur les cuisses de son pantalon. Il perdait ses cheveux - ils étaient secs, cassants, on en trouvait partout dans la maison, sur son oreiller, le matin, et principalement sous le clavier de sa machine à écrire, avec des brins de tabac et même des miettes de pain ; c'était surtout lorsqu'il écrivait qu'il se passait les doigts dans les cheveux et se grattait le crâne : il pleuvait des pellicules. Lorsqu'il se faisait un shampooing, il n'utilisait pas les produits vendus au Dehors, ou dans le Village du Bord : il battait deux jaunes d'œufs dans un peu d'eau chaude et une cuiller de rhum.

    Il avait des yeux gris-verts, parfois bruns. Changeants. Le gauche n'avait que cinq dixièmes. Lorsqu'il travaillait, ou lisait, ou s'occupait à une tâche minutieuse, Ron portait des lunettes. Il se souvenait d'avoir été sujet à des migraines douloureuses, surtout le soir, mais les lunettes avaient arrangé les choses.

    Sa barbe était fournie, frisée, pas vraiment dure - il ne l'avait rasée entièrement que trois fois dans sa vie. Parfois, il la taillait, utilisant une paire de ciseaux de couture ; il coupait n'importe comment. Il avait la peau grasse, luisante sous les poches fripées qui soulignaient son regard. Niellys adorait lui presser régulièrement ses points noirs - elle y prenait un plaisir évident, lui non.

    Il était âgé de trente cinq ans. Mesurait un mètre soixante quinze et pesait soixante neuf kilos. Mais il avait maigri. Encore un souvenir : jadis il chantait souvent.

     

    Épigraphes

    Mais, saints du ciel, en haut du chêne,
    Mât perdu dans le soir charmé,
    Laissez les fauvettes de mai
    Pour ceux qu'au fond du bois enchaîne,
    Dans l'herbe d'où l'on ne peut fuir,
    La défaite sans avenir.
    (A. Rimbaud, Les Corbeaux).

    Toutes les histoires sont vraies, à plus forte raison celles qu'on se donne la peine d'inventer.

     

    Revue de presse

    Libération

    27 février 1979. D. S.

    Pelot nous étonnera toujours ; on croyait connaître toutes ses "manières", et pan ! il nous en sort une autre tout d'un coup, comme si de rien n'était, comme si c'était la chose la plus naturelle du monde. Ce coup-ci, il fonce avec d'amers délices dans le roman du roman, le roman du romancier.

    A y bien regarder, cela ressemble pourtant à du Pelot, dans cette manière entière et dévastatrice d'écrire, cette façon d'aller "jusqu'au bout", jusqu'à la folie, dans le récit, d'y créer des personnages entièrement impliqués dans ce qu'ils font ou ce qu'ils sont. La seule différence ici c'est qu'il ne s'agit plus de personnages inventés, mais de lui-même, ou plutôt d'un moment de lui-même ; d'une expérience douloureuse qu'on raconte pour l'exorciser un peu, pour la digérer et continuer le chemin. Il a fallu que ça pèse lourd, très lourd, je suppose, pour que Pelot, longtemps après, se décide à la raconter en la travestissant à peine. Une manière de faire le point.

    Le Sommeil du chien, c'est le roman d'un "raconteur d'histoires" (suivez mon regard), Ron Dublin qui a du mal à se dépatouiller avec la réalité et la fiction (ou l'inverse). Qui s'évade dans une autre réalité où il va apprendre la douleur ; mis en communication avec la multitude grâce à son chien-médium, il va découvrir l'enfer et sa place de bourreau dans l'enfer.

    C'est aussi le roman de Pelot, d'un moment où le raconteur d'histoires doute de ce qu'il fait, doute de sa place dans un monde qu'il rejette violemment parce qu'il lui semble étranger, profondément malin et malfaisant. Mais, comme il dit, on est embarqué, on se fait toujours rattraper au tournant, récupérer ; et il faut bien vivre parce que Niellie (ou bien Irma) est si jolie et que Pigam (ou bien Pierre-Dylan) est bien là campé dans la vie avec les exigences de tous les enfants, sa tendresse, ses inquiétudes et sa propre volonté à faire vivre et agir ceux qui l'ont engendré. Il y a comme une sorte de désespoir raisonné qui ne calme jamais la révolte, et n'y fait pas renoncer. Elle est le seul moment positif, instable, inefficace dans un sens ; mais elle est la seule valeur positive, le seul point d'ancrage avant de tomber dans la folie ou dans la mort.

    C'est bien un long cri, une longue catharsis ; le petit calvaire particulier de l'écrivain, qui doute de son écriture, qui doute qu'elle puisse réellement changer, bouleverser, transformer l'insupportable de la société froide dans laquelle nous vivons. Qui ressent profondément son impuissance devant la terrible machine capable de tout absorber même la plume au vitriol qui est notre seule excuse pour vivre dans un monde si détestable. Alors quand tout bascule ainsi, c'est la déprime, la fuite et le retour insidieux à la normalité. Tout se ligue : somme toute la laisse a beau être longue, elle finit par nous ramener dans le chemin quand on va trop loin.

     

    Sud-Ouest

    4 mars 1979. Michel JEURY

    A trente-deux ans, Pierre Pelot a déjà publié près de quatre-vingt romans. Le Sommeil du chien est plus proche du journal intime que de la science-fiction classique. Ce cauchemar de l'écrivain doutant du monde et de lui-même est un livre très proche de la réalité, et aussi puissant et généreux. On n'oubliera pas le "Raconteur" Ron Dublin et son chien Boo Goom.

     

    Le Magazine littéraire

    N° 147, avril 1979. Antoine GRISET, page 70

    Un Pelot qui surprendra plus d'un ; un long cri douloureux. Il est bien difficile de vivre en se découvrant bourreau ; il est bien difficile de fuir lorsque la tendresse, l'amitié ou l'amour se liguent pour vous ramener dans les décors trompeurs de la "réalité".

     

    L'Alsace

    Mercredi 18 avril 1979. Jean-Marie STOERKEL

    Ca faisait bien un an que je n'avais pas vu Pelot. Lui ne sortant pas de sa tanière de St-Maurice-sur-Moselle, juste après Bussang, moi pris dans le train-train quotidien. Bien sûr, il y avait toujours le téléphone, mais le téléphone c'est plus fait pour les affaires que pour l'amitié. Et puis est paru Le Sommeil du chien. Chez Kesselring, dans la collection SF Ici et maintenant. Un nouveau Pelot, le 80e et quelque chose dans sa prolifique production. Et peut-être le meilleur.

    Dans le laïus figurant au dos de la couverture est écrit ceci : "Ce livre de Pierre Pelot n'aura sûrement aucun prix, puisqu'il les a tous raflés l'année dernière. Tant pis."

    Le sujet du roman, c'est l'histoire d'un écrivain, ou plutôt un raconteur d'histoires vivant dans une espèce de réserve, le cratère, avec sa femme, son gosse, ses chats et son chien. Pas le moindre contact avec le dehors (la civilisation), si ce n'est la fenêtre T.V. Il tombe malade et dans sa tête rien ne va plus. Une voix, des voix lui parlent. Celles de peuples opprimés. Il est celui qui est choisi par les multitudes esclaves et pourtant il fait partie de la race des bourreaux. Cela tourne jusqu'à la folie et il saura que la voix qui lui parle - l'intermédiaire - est celle de son chien qui sommeille.

    Une folie salvatrice

    Le Sommeil du chien est beaucoup plus qu'un très bon livre de science-fiction. Il y a un véritable plaidoyer, une prise de conscience pour la race animale. Brigitte Bardot dénonce le massacre des bébés-phoques, Pelot dénonce le fascisme quotidien et ancestral de la bête humaine sur la bête animale. Et montre que ça sert quelquefois d'être malade, de sortir de ses rails pour se mettre à réfléchir. La folie est parfois salvatrice. Et, tous comptes faits, dans ce roman, la fiction est réalité. L'écrivain dans Le Sommeil du chien, c'est Pelot lui-même qui se pose la question de son existence (Certains livres furent refusés par l'Éditeur sans un mot d'explication, certains autres furent acceptés sans davantage d'explication... Ron comprit qu'il ne gagnerait jamais le combat livré à la peur. Il comprit du même coup son incapacité à faire quoi que ce soit d'autre et sa condamnation à poursuivre dans cette voie. Il comprit que le pouvoir se situait au dehors, peut-être dans la maison de l'Éditeur).

    Quelque part dans ce roman, Pelot écrit que "toutes les histoires sont vraies, à plus forte raison celles qu'on se donne la peine d'inventer". La SF de Pelot n'est alors rien d'autre que de nous faire voir ce que nous regardons tous les jours sans que nous nous en rendions compte.

     

    Les Dernières nouvelles d'Alsace

    13 mai 1979. Daniel WALTHER

    Pierre Pelot ne cesse pas de produire et son œuvre, bien qu'inégale, recèle des perles d'un assez bel orient. Comme, par exemple, ce Sommeil du chien qui relève autant du fantastique moderne que de la science-fiction.

     

    Espaces libres

    Magazine de l'association amiénoise de Science-Fiction. Amiens, mai-juin 1979, n° 3. Régis TYTGAT, pages 27-28

    C'est le dernier roman de Pelot. Ca devrait vous suffire, non ? Bon. L'histoire, c'est celle d'un écrivain, un "raconteur" coincé dans une sorte de village, qui se met à entendre de drôles de choses dans sa tête (une entité, la "Multitude", essaie de le contacter pour demander son aide) et qui constate la disparition de certains éléments de son décor et de personnes de son environnement.

    En somme, il s'agit plutôt d'une histoire d'univers intérieur, toute l'action ou presque se situant dans la tête de Ron Dublin, le héros de l'histoire. C'est nouveau chez Pelot où l'action est d'habitude plus "soutenue".

    Ici, l'auteur prend le temps de faire vivre son personnage, de lui faire rencontrer les gens, ceux qu'il aime comme ceux qui l'ennuient, et Pelot nous rend très bien ce rythme de vie lente à travers son livre.

    La paranoïa de son héros, qui a toujours l'impression d'être "en faute" et d'être constamment repris, trouve une réponse : Pelot finit par se demander (par son "raconteur") si l'écrivain "engagé" n'est pas déjà "récupéré" d'avance. (A ce sujet, les pages sur la conversation entre Dublin et un jeune écrivain persuadé, lui, du contraire et du rôle de fuite que permet la littérature, sont intéressantes).

    Quelle est véritablement l'opinion de Pelot là-dessus ? On ne sait pas vraiment, même si Ron Dublin ressemble beaucoup à Pierre Pelot.

    Oui, allez-vous me dire, mais nous sommes chez Ici et maintenant, qui publie des romans politiques sur un thème ou sur un autre. Alors ?

    Eh bien, rassurez-vous, là aussi Pelot lance une dénonciation, mais je crains pour vous qu'elle ne vous bouleverse autant que Ron Dublin, car vous ne pouvez avoir bonne conscience. Vous êtes tous responsables.

    Vous êtes tous des bourreaux, vous, moi, et Pelot...

    Ce livre démontre si besoin était que Pelot est bien plus qu'un auteur de SF...

    Un petit reproche : la couverture est un peu tarte, mais le dossier final sur Pelot avec un portrait par lui-même, une interview et des critiques de ses livres par les autres grands (Jeury, Barlow entre autres) est fort bien venu.

    Une initiative intéressante de cette collection indispensable.

     

    Opzone

    N° 2, juin 1979, bimestriel. Limoux : Ponte Mirone, 1979. Jean-Pierre VERNAY, page 13

    Pierre Pelot n'a pas toujours les cheveux bien peignés, ses romans ne sont pas toujours des merveilles de précision jeuryenne, le dénouement est quelquefois parachuté, d'autres fois il arrive in extremis, comme dans les FN signés Suragne (pas tous, seulement les premiers). Les temps forts se situent dans les deux premiers tiers du bouquin, après tout se canalise, se cogne la tête contre les murs imposés par les contraintes de l'édition. Tout se met en place dans les premiers chapitres, à travers quelques personnages, puis cela évolue, et le plus souvent vers une désintégration générale, que ce soit au niveau individuel, dans les romans fantastiques comme Suicide par exemple, ou au niveau de l'univers lui-même, il faut citer absolument Transit, où la fin est très "dickienne" mais expédiée vite fait, elle n'intéressait pas Pierre je crois, du moins pas tellement, elle était seulement nécessaire pour finir le bouquin, tout avait été dit avant sur le seul sujet qui intéresse vraiment Pelot : ses personnages.

    Pelot écrit pour vivre, et il vit comme il écrit. C'est une fonction essentielle pour lui ; d'ailleurs il dit quelque part dans Le Sommeil du chien que sans l'écriture il n'aurait pas pu continuer à vivre. Ellison appelle ça de l'autothérapie.

    Chacun de mes romans est un brouillon pour le prochain. Le Sommeil du chien est le dernier en date, il parle de Pierre Pelot lui-même, bien que ce dernier (vieux pirate!) le nie quelque peu dans la postface, et à la première personne. Il parle du Pelot d'une certaine époque, complètement parano et découragé. Il est un de ces trucs qu'on écrit pour se racler l'intérieur, et qu'on jette loin de soi, et dont on ne parle plus. D'ailleurs, rappelle-toi, Pierre, tu avais refusé de m'en souffler ne serait-ce qu'un mot, prétextant je ne sais quelle appartenance au fanzinat qui m'aurait fait en dévoiler le sujet. Grande bête!

    Croyez pas que pour autant je vais vous le dévoiler maintenant! Pas question. Achetez plutôt le bouquin, il est paru et laissez Pierre vous raconter l'histoire de son chien et du mec nommé Pelot. Croyez-le si vous le voulez, mais c'est quand même une histoire de S.F., mais est-ce que ça a vraiment une importance ?! Puis, écrivez-lui pour lui dire ce que vous en pensez, ou harcelez-le pendant les conventions. Le laissez pas seul, sinon il nous fera un autre bouquin encore plus horrible (NDLR : il est fait! Un autre sommeil du chien, mais... sans chien, à paraître bientôt).

    Le nouveau chien, il s'appelle Mowgli, et il joue au loup derrière la barrière que Pelot a élevé. Et il ne parle plus pendant son sommeil.

     

    Crytik

    N° 5, janvier 1980. M.J.C. Vandoeuvre. Page 4

    Ce roman du plus prolifique de nos auteurs SF met en scène un raconteur d'histoires qui vit dans un trou reculé, le Cratère, et qui a des problèmes d'adaptation au monde (le Dehors, l'Enfer), ce qui est courant chez les raconteurs d'histoires. De temps en temps, il bascule dans des périodes de rêve, ou de folie, pendant lesquelles il fuit, devenu Gibier poursuivi par les Autres. Un éclaireur prend contact avec lui (c'est Boo Goom, chien, pendant son sommeil) et lui demande, à lui, Ron Dublin le raconteur d'histoires appartenant au peuple des bourreaux, de venir en aide à un peuple invisible et opprimé: les animaux esclaves, soumis, pourchassés... Fragilité du personnage - de la personnalité: le traître aux siens peut-il devenir le sauveur des autres ? Lui qui ne cesse de basculer, dans quel vrai abîme finira-t-il par se jeter ?

    C'est une sorte de Science-Fiction transparente : comme une vitre légèrement déformante posée sur le monde actuel, sur le monde quotidien (devine-t-on) du raconteur d'histoires Pierre Pelot. Par moments, on aurait peut-être envie de conseiller à Ron Dublin d'oublier son cratère et ses histoires, de prendre son sac à dos et d'aller faire un petit tour de planète, histoire de vérifier que le Dehors n'est pas entièrement peuplé de masques et d'automates (car, en ce sens, Ron est quand même un fieffé réac!). Mais ceci dit, Pelot est un habile raconteur d'histoires, et il nous tient en haleine jusqu'au bout en utilisant un minimum de grands moyens. A retenir, l'avertissement : "Toutes les histoires sont vraies, à plus forte raison celles qu'on se donne la peine d'inventer".

     

    L'Année 1979-1980 de la science-fiction et du fantastique

    Paris : Julliard, 1980.- Denis GUIOT, page 154

    Blotti dans le Cratère, Ron Dublin le raconteur d'histoires se pose des questions sur la réalité de son entourage et de l'extérieur. Pour qui écrit-il ? Niellys sa compagne est-elle bien Niellys ? Quelles sont ces voix qui lui parlent dans la tête ? Et qui est Boo Goom le chien, qui dort ? Un roman brûlant comme une mauvaise fièvre, déchirant comme un cri de douleur, angoissant comme le silence de la folie, maladroit comme un appel au secours. Du Pelot brut, incandescent et dévastateur.

     

    Le Monde

    30 décembre 1983. Michel Jeury

    Chiens de guerre et de rêves

    Le Sommeil du chien pourrait surprendre les lecteurs habitués aux romans d'action de Pierre Pelot, rapides, crus et violents. Ce récit poétique, d'une poignante beauté, est un miroir à deux faces. D'un côté, une autobiographie angoissée et délirante du raconteur Ron Dublin. De l'autre, un roman de science-fiction dans la lignée du fameux Demain les chiens de Simak. Au centre, Boo Goom, le chien. Et le cadre, mi-réel, mi-rêvé : le village du Bord. Le livre est, pour une part, l'histoire d'une communication difficile entre l'écrivain paranoïaque et schizophrène à souhait et le chien qui pense trop. Tout autour, il y a le monde froid, hostile, terrifiant... Un grand roman touffu et vibrant, qui révèle un nouveau visage d'un auteur fécond entre tous. Notons au passage que son livre le plus connu, La Guerre olympique, va devenir un feuilleton télévisé.

     

    La Liberté de l'Est

    14 février 1995. Raymond PERRIN

    Pierre Pelot : un maître reconnu de la science-fiction et du fantastique français

    [...] Le Sommeil du chien évoque aussi un personnage de raconteur d'histoires : Ron Dublin qui vit, bien protégé du Dehors, dans le cratère, avec sa femme Niellys, son fils Pigam, le chien Boo Goom et cinq chats.

    Mais il se sent traqué et attend en vain des nouvelles de ses livres, bouteilles à la mer sans réponses. Peu à peu, il bascule, ne distingue plus les fantasmes de l'autre réalité et tombe malade tandis qu'il se demande si Niellys n'est pas un simulacre ennemi, envoyé par les gens du Dehors. Il entre en communication, par télépathie, avec le chien Boo Goom mais, un jour, le chien est attaqué par un renard enragé et Ron est contraint de tuer l'animal contaminé. Désormais, il pleure, "les fers aux pieds".

    Dans le roman Natural Killer qui toucha au fantastique par sa description hallucinante d'un tremblement de terre vosgien, Pelot évoque cet événement à l'origine du récit. Il a dû tuer réellement son chien mordu par un renard contaminé. [...]

     

    Page créée le mardi 28 octobre 2003.